Maieutique Transcendante.

Les étapes initiatiques

La méthode

Nous diffusons une discipline spirituelle (sâdhanâ), une méthode de Réalisation, qui se caractérise par la transmission d’une série d’étapes spécifiques.

Il s’agit d’un système initiatique qui n’est destiné à ne représenter que la spécificité d’un travail spirituel pendant une période limitée de la vie.

Notre enracinement dans la tradition hindoue ne présuppose de notre part aucune tentative de chercher à « convertir » les gens à une quelconque forme de néo-hindouisme, nous transmettons une hiérarchie de pratiques adaptées aux spécificités de chaque personne.

Nous mettons en œuvre une pédagogie interconfessionnelle, dans laquelle chaque croyant est amené à utiliser les techniques de recueillement que nous transmettons sur des thèmes de contemplation qui sont propres à la tradition dont il se réclame.

Quant à ceux qui ne se rattachent à aucune confession, la discipline que nous transmettons s’apparentera à une métapsychologie transpersonnelle.

La transmission de ces étapes se fait d’une manière individuelle, car elle s’adapte à chacun en tenant compte de la spécificité des prédispositions et du travail spirituel qu’ont déjà réalisé certaines personnes.

Pour chaque étape il y a : Communication d’un ensemble de textes. Une pratique spécifique de méditation, un type particulier de prises de conscience à réaliser durant l’accomplissement des activités quotidiennes et des pratiques épisodiques.

La transmission d’une étape constitue un travail spirituel pour une durée de six à douze mois. Au bout de cette période l’analyse des résultats obtenus entraine, le passage à une étape supérieure ou le maintien dans la même étape, avec maintien ou modifications des pratiques spirituelles mises en œuvre.

La transmission individuelle des étapes s’accomplit sous forme d’entretiens particuliers. Lorsque la distance pose problème, certaines étapes peuvent être transmises par téléphone, ou mieux par contact visuel grâce à internet.

Quel que soit le type de transmission, deux contacts par ans seulement sont nécessaires. A défaut un seul contact annuel peut suffire. Nous sommes donc très loin du phénomène d’embrigadement sectaire redouté par certains.

La transmission des étapes initiatiques peut s’accompagner de séminaires de deux jours ou d’une semaine, lorsqu’un groupe de personne souhaite réaliser un travail collectif intense. L’instructeur, ou l’instructrice qui transmet les étapes n’est un Maître. Il n’accepte pas de « disciples », c’est simplement un ami qui donne l’aide que peut apporter une personne qui a déjà cheminé sur le Sentier indiqué. Toute l’efficacité de la méthode repose sur votre travail personnel.

L’enseignement est diffusé d’une manière gratuite. Les instructeurs, ou les instructrices devant avoir leur propre source de revenus et ne pouvant faire de la transmission spirituelle un métier. La réception d’une forme de rémunération quelconque ou de cadeaux leur étant interdite. La seule chose que paye celui qui reçoit la transmission de l’enseignement ce sont les brochures qu’il doit acheter et le remboursement des frais des transports des instructeurs, ou instructrice lorsqu’ils se déplacent pour enseigner et éventuellement une participation à la location du local ou l’on se réunit.

Afin de préserver le principe de gratuité, notre Confrérie s’interdit toute possession foncière. Les transmissions s’effectuant dans des domiciles privés, ou en quelques lieux prêter, ou louer, pour la circonstance. Cette gratuité, qui est une conséquence de l’amour spirituel a pour objet de réagir contre les infamies du commercialisme spirituel qui sévit à notre époque.

Une formation pédagogique est ouverte aux personnes qui veulent devenir instructeurs, ou instructrices. Cette formation se compose d’une assimilation doctrinale et d’un travail sur les aptitudes rituelles. Ceux qui le désirent peuvent commencer cette formation avant d’avoir achevé la réception des étapes initiatiques. Mais évidemment ils ne pourront exercer leur rôle d’instructeur, ou d’instructrice, qu’après assimilation de la dernière étape de l’initiation.

Aux personnes qui ont achevé la réception de l’initiation peut être fait la position d’entrer dans notre Confrérie. L’adhésion à ladite Confrérie présupposant un double engagement : celui de continuer la pratique de la discipline spirituelle, et celui de participer au Don de l’enseignement.

Bien que la pérennité de cette méthode repose sur les instructeurs et instructrices qui la diffusent, il existe des modalités mineures de participation aux Don de l’enseignement.

La nécessité des étapes

L’étude attentive des Textes traditionnels sur lesquels se fonde l’Advaïta fait apparaître un ensemble d’affirmations qui semblent au premier abord comme étant contradictoires. Les principales contradictions apparentes que l’on peut observer sont les suivantes :

  • Affirmation du fait que le monde soit une illusion dépourvue de Réalité et affirmation que le monde est une Réalité puisqu’il est la manifestation de l’Absolu.
  • Affirmation du fait que notre Soi en tant que pure Conscience est distinct du corps, du mental et de l’intellect, et affirmation du fait que « tout est notre Soi », le corps, le mental et l’intellect étant inclus dans ce Tout.
  • Affirmation du fait que l’Absolu doit être compris par une saisie intellectuelle et affirmation du fait que l’intellect doit être rejeté.
  • Affirmation du fait que nous devons nous conformer aux prescriptions traditionnelles concernant le bien et le mal et affirmation du fait que nous sommes au-delà de bien et du mal.
  • Affirmation du fait que pour obtenir la Connaissance il faut se fonder sur les Écritures, et affirmation du fait que les Écritures doivent être rejetées.
  • Affirmation du fait que la pratique d’une discipline spirituelle (sâdhanâ) est indispensable et affirmation du fait qu’aucune discipline n’est nécessaire et qu’il n’y a rien à pratiquer.
  • Affirmation du fait que le but est d’obtenir la Connaissance (Jnâna) et affirmation du fait que notre Soi se situe  au-delà de la Connaissance et de l’ignorance.
  • Affirmation du fait que notre Soi étant de même nature que l’Absolu est Etre-Conscience-Béatitude et affirmation du fait que l’Absolu est au-delà de l’Etre et du Non-Etre.
  • Affirmation du fait que la Libération est le but de la vie et qu’il faut polariser toute notre énergie pour l’obtenir, et affirmation du fait que la Libération n’existe pas, car nous sommes libres depuis toujours.
  • Affirmation du fait qu’il faut parvenir à un vécu constant, et affirmation du fait que ce vécu est déjà constamment le nôtre.

En face de la diversité de ces affirmations, trois positionnements sont possibles :

  • Le positionnement de la stupidité consiste à considérer que l’on est en présence d’une pensée incohérente qui déclare tout et son contraire.
  • Le positionnement de l’erreur qui consiste à choisir dans ces affirmations celles qui nous paraissent les plus intéressantes ce qui, égotiquement parlant, ne manquera pas d’être : l’absence de discipline nécessaire, ce qui est très avantageux pour notre paresse fondamentale, le fait que nous nous situions au-delà du bien et du mal, ce qui nous permet de faire tout ce que l’on désire, etc. Il en résultera un pseudo-Advaïta purement intellectuel, qui pourra s’accompagner d’expériences sporadiques, mais qui ne parviendra à aucun vécu constant, authentique et profond, en raison du manque de purification de l’homme. Dans le monde moderne un ensemble de personnes ont développé une diffusion commerciale de l’enseignement de ce pseudo Advaita.
  • Le positionnement pertinent, celui de l’Advaïta traditionnel, et qui consiste à comprendre que l’on est en présence d’un processus de pensée hiérarchique qui, partant de l’ignorance commune, s’élève à des niveaux de plus en plus hauts, et que ce qui est vrai à un niveau cesse de l’être au niveau supérieur. Il faut donc s’élever d’une vérité relative à une autre vérité plus vaste, et ceci jusqu’à finir par parvenir à l’Ineffable évidence, vis-à-vis de laquelle aucune formulation n’est possible.

C’est sur cette progression de niveau en niveau, de vérité en vérité, que repose la structure des étapes initiatiques.

Quant à la pertinence de la hiérarchie établissant le fait qu’il faut commencer par telle étape puis ensuite passer par une autre, elle repose sur deux choses :

  • Un ensemble d’affirmations se trouvant dans les Écritures et l’enseignement des Maîtres.
  • Une cohérence interne démontrant que l’on doit nécessairement passer par telle étape avant d’aborder telle autre et non le contraire.

Perspective des étapes

Esotériquement, toute initiation se définit par un système d’enseignement qui n’est pas directement accessible à tous, car il comprenant une hiérarchie d’étapes à franchir.

Il en est de la Réalisation spirituelle comme de la marche en montagne. Pour le néophyte qui au petit matin contemple la cime de la montagne, celle-ci peut lui paraître inaccessible. Mais si, faisant confiance à son guide, il commence par avancer pas à pas, il atteint le sommet en fin d’après-midi.

Définition des étapes initiatiques

Il existe des enseignements spirituels qui sont uniformément diffusés à toutes les personnes qui s’y intéressent. À côté de cela, tous les systèmes initiatiques ont en commun une structure hiérarchique à l’intérieur de laquelle on doit progresser. Un Enseignement initiatique se compose donc d’un ensemble d’étapes qu’il faut franchir. Tel est le cas de notre Confrérie qui dispense un enseignement initiatique, dans le sens authentique et traditionnel de ce terme.

La raison d’être de la structure initiatique de notre enseignement est la suivante : Les Enseignements les plus élevés ne sont pas « réalisables » par les débutants, ceux-ci doivent assimiler et pratiquer une série progressive de niveaux d’appréhension spirituelle, avant d’avoir la maturité intérieure requise pour saisir la simplicité du plus haut niveau et d’être capables de l’intégrer au sein de leur vécu quotidien.La transmission traditionnelle de la méthode de réalisation spirituelle que nous proposons s’effectue donc par la communication d’une série d’étapes.

A chaque étape l’aspirant doit pratiquer des méthodes de recueillement et des prises de conscience au sein de ses activités quotidiennes. A cela s’ajoutent certaines pratiques spirituelles épisodiques.

Aspect individuel

Les transmissions initiatiques sont strictement individuelles.

Durant le Noviciat, les pratiques transmises s’adaptent aux prédispositions spirituelles de la personne et tiennent compte de son rattachement à une confession religieuse ou bien de son absence de attachement confessionnel.

Toutes les étapes initiatiques sont communiquées sous le sceau du secret, ce qui implique que la personne n’en fasse qu’un usage privé.

Notre pédagogie se fonde sur le travail individuel. C’est un chemin solitaire qui se méfie des exaltations collectives, du mimétisme grégaire et des « effets de groupe ».

Motivation nécessaire

Recevoir une transmission initiatique c’est recevoir un programme de travail spirituel que l’on doit intégrer au sein de notre vie quotidienne.

Pour demander une transmission, il faut donc être sérieusement décidé à effectuer un travail spirituel intense, qui demandera parfois un ensemble d’aménagement dans l’ordonnance et dans la priorité des activités que nous accomplissons. Les personnes qui vivent en état de suractivité, qui sont littéralement surchargées de travail, d’obligations matérielles et de soucis, sont inaptes à cette réception. La première chose nécessaire sera pour elle de « faire de la place » pour le spirituel dans leur vie.

Passage de l’initiation virtuelle à l’initiation effective

Une transmission initiatique octroie une initiation « virtuelle », c’est par son travail personnel que le pratiquant rend « effective » l’étape initiatique qui lui a été transmise.

En recevant la transmission d’une étape initiatique, vous recevez la transmission d’une graine qu’il vous importe par votre travail intérieur de faire germer. C’est par votre travail personnel que l’initiation reçue « virtuellement » en tant que potentialité devient une initiation effective.

Ayant reçu la transmission d’une étape initiatique, il ne vous reste donc plus qu’à réaliser les exercices et démarches intérieures, caractérisant la transmission que vous avez reçue.

Courir après la réception des étapes initiatiques en vous imaginant que la seule réception va « magiquement » vous réaliser, c’est courir après une ombre. C’est par votre intériorisation, votre vécu de l’enseignement que vous « réalisez » celui-ci et le rendez effectif.

C’est pourquoi si nous invitons chacun à progresser avec ardeur, nous invitons également chacun à « prendre son temps » de manière à ne demander une nouvelle transmission qu’après une authentique intégration dans le vécu de l’étape transmise.

Se méfier des jugements

Ne jugez pas l’Enseignement en cours de réception, puisque votre connaissance de celui-ci est incomplète aussi longtemps que vous n’avez pas reçu la totalité des étapes initiatiques.

Sachez que chaque étape est incomplète, c’est une facette du processus de déconditionnement qui a pour objet de retirer le voile de l’ignorance métaphysique.

Quant aux profanes qui parlent d’un enseignement initiatique dont ils n’ont pas reçu et intériorisé les différentes étapes, leur propos n’est que les balbutiements incohérents d’un enfant dans son sommeil.

Résumé de la structure initiatique

Comme en beaucoup d’initiations traditionnelles, il existe en ce que nous proposons trois niveaux : Noviciat, Gnostiquat, Adeptat. Cependant, avant de parvenir au Noviciat, il faut franchir le Postulat.

Le Postulat

Le Postulat se définit comme une période assez courte, durant laquelle on s’assure que la personne possède les aptitudes nécessaires. Pour cela une étude préalable lui est demander, ainsi que le fait de remplir un questionnaire.

Ladite période de sélection vous permet également de vérifier si l’enseignement que nous proposons correspond a ce que vous recherchez et, dans la négative de ne pas perdre votre temps. Le postulat englobe ce que nous appelons l’accomplissement des « trois pas d’introduction ».

Le Noviciat

Le premier niveau de travail initiatique est celui du Noviciat. Il se décompose en quatre degrés.

Le but du Noviciat est de vivre par une expérience intérieure subtile la présence de notre Soi (Atmâ), c’est-à-dire de notre Identité véritable en tant que pure Conscience (Chit) distincte du corps et du mental. Le Noviciat se caractérise par une adaptation aux caractéristiques confessionnelles et aux prédispositions personnelles du pratiquant. Au-delà du Noviciat ces spécificités disparaissent et l’Enseignement devient uniforme

Premier degré du Noviciat

Il se caractérise par la transmission d’un ensemble de Règles de Vie (Yama Nyama) et il importe de savoir si l’impétrant est décidée à s’efforcer avec sincérité à les mettre en pratique dans sa vie quotidienne. Non point qu’une mise en pratique parfaite soit demander dès le début. Ce qui est requis c’est une simple volonté d’avancer dans la directe de l’idéal comportemental que décrivent ces Règles de Vie.

A ce premier degré est également transmise une pratique élémentaire de la méditation.

Deuxième degré du Noviciat

A ce deuxième degré est transmis une pratique plus profonde du recueillement, un travail d’exercices pour le développement des possibilités de l’attention, et la pratique des prises de conscience au sein des activités quotidiennes, tout cela constituant le chemin qui même à la Gnose.

Le type de technique contemplative et les prises de conscience que le novice doit réaliser durant la vie quotidienne varient selon son orientation confessionnelle, ou non confessionnelle. Ces techniques dépendent également du fait que vous ayez déjà pratiqué, ou que vous n’ayez jamais pratiqué la méditation et dans l’affirmative qu’elle a été la nature de votre pratique. Tout le monde comprendra aisément que la même pratique ne saurait convenir à celui qui n’a jamais réalisé aucune forme de recueillement et celui qui pratique le Zen durant vingt ans.

D’autre part, la pratique s’adapte à la structure spirituelle de chaque personne. Nous considérons qu’il existe quatre types fondamentaux de pratiquants :

  • Ceux qui ont une prédisposition pour la dévotion informelle.
  • Ceux qui ont une prédisposition pour la dévotion formelle.
  • Ceux qui ont une prédisposition pour la dévotion cosmique.
  • Ceux qui ont une prédisposition pour la pratique non dévotive.

Les trois premiers types se caractérisent par l’aspect « dévotif » de leur démarche. Nous entendons par « prédisposition dévotive » le fait de s’adresser à Dieu au travers de la prière, et d’élever nos sentiments vers Lui. Cette tendance dévotive peut s’exercer dans un cadre confessionnel, ou bien en dehors de tout rattachement religieux.

  • Cette dévotion est dite « informelle », lorsque l’amour, la vénération et la soumission s’adressent à Dieu en sa réalité invisible, omniprésente et informelle.
  • Cette dévotion est dite « formelle », lorsque l’amour, la vénération et la soumission s’adressent soit à une personne, un Maître, un exemple humain, ayant une dimension historique marquée (Jésus Christ, la Vierge Marie, le Bouddha, un Boddhisattva, Confucius, Lao-Tseu, Krishna, un Sat-Guru hindou tel que Ramana Maharshi, Ramakrishna, Mâ Ananda Moyî, etc.) ; soit à une représentation symbolique du divin (Shiva, Vishnu, Kali, Sarasvatî, un Yidam tibétain).
  • Cette dévotion est dite « cosmique » lorsque le Divin est appréhendé au travers de la Nature en laquelle est perçue sa glorieuse Manifestation.

A chacun de ces trois types de dévotion, la transmission initiatique de la Maïeutique propose un travail spirituel différent, car il est évident que ce qui convient à l’un ne saurait convenir à l’autre. Mais à côté des personnes qui sont naturellement prédisposées pour la dévotion il y en a d’autres qui, au contraire, ne le sont pas. Ces personnes sont souvent dépourvues de tout rattachement confessionnel et désirent en toute indépendance et liberté rechercher l’expérience de la Transcendance, qui se situe au-delà de toutes les conceptualisations théologiques. Pour de telles personnes, la transmission initiatique de la Maïeutique propose un autre type de travail spirituel, adapté à la spécificité de leur démarche.

Troisième degré du Noviciat

Au troisième degré des rites théurgiques qui doivent être réaliser épisodiquement sont transmis. Ceci peut être un écueil pour les personnes qui influences par l’idéologie moderne ont un préjugé défavorable vis a vis des rites. Elles doivent surmonter ce préjuger, ou bien chercher un autre Sentier de réalisation spirituelle.

Ce que nous proposons à tous de vérifier, c’est que les rites traditionnels ont un pouvoir de purification et de structuration intérieure très important. Pouvoir qui non seulement agit au niveau conscient mais également « touche » des zones profondes de l’inconscient. On peut dire que si la psychothérapie se propose un travail de « fouille » et de mise en lumière des racines comportementale responsables d’un ensemble de troubles, les rites traditionnels, sans creuser en dessous de la surface du vécu conscient, agissent a la manière d’un désherbant détruisant un ensemble de « Noeux » se situant dans l’inconscient. Il s’en suit que si les rites ne sauraient produire la Connaissance (Jnâna), ils constituent au niveau humain des moyens d’évolution et de purification qui prépare le terrain sur lequel pourra germer la Connaissance et sur le lequel le vécu de celle-ci pourra se stabiliser.

Quatrième degré du Noviciat

Ce quatrième degré est celui de ce que nous appelons « l’Éveil transcendant ». Il se caractérise par le renforcement du transfert du sentiment d’existence au niveau du Soi (Atmâ). Cet « Éveil » se caractérisant, grâce à un déplacement de l’attention, par la capacité de sentir, d’une manière volontaire et aisée, mais non encore constante, que nous existons hors du corps physique, à une faible distance de celui-ci, au-dessus, ou vers l’arrière de la tête. Nous situant ainsi « hors du corps » nous continuons à percevoir et observer celui-ci. Un tel Éveil engendrant spontanément une transformation du vécu en nous-mêmes et le déroulement de la vie humaine.

Adaptations aux cas particuliers

La structure initiatique que nous mettons en œuvre n’est pas quelque chose de rigide. Les transmissions s’adaptent aux cas particuliers des personnes ayant déjà avancé sur le Sentier de la Réalisation. C’est ainsi que certaines personnes, en fonction du travail spirituel déjà accompli, peuvent franchir en une seule étape les quatre degrés du noviciat, lorsque ceux-ci ne sont pour elles qu’une sorte de « révision ». De même, après le noviciat, le travail de certaines étapes initiatiques correspondant à des éléments que la personne déjà travailler, pourra être abrégé, afin de tenir de ces acquis.

Le Gnostiquat

Il se caractérise par la transmission des étapes suivantes :

  1. Transmission sur la prise de conscience de l’illusion phénoménale (mâyâ vada).

Le travail consiste à faire entrer dans notre vécu la compréhension de l’illusion phénoménale (maya). Illusion qui découle du fait que le monde que nous percevons est une création des sens interpréter par le mental.

En substituant au concept de « la réalité du monde », le concept de « l’irréalité du monde », nous modifions radicalement notre appréhension de l’existence. L’une des conséquences de cette modification c’est le détachement.

L’exigence du détachement est une caractéristique de toute spiritualité authentique et traditionnelle que précisément veulent éviter les pseudo spiritualité du type « New Âge ».

Il existe deux manières d’obtenir le détachement : par une volonté ascétique qui éradique douloureusement et brime les passions humaines. Ou bien par le changement conceptuel qui est proposé, car on ne s’attache qu’à ce qu’on croit implicitement vrai.

Lorsque cessant de nous identifier à l’homme nous nous situons au niveau de l’Absolu, qui est notre véritable nature, puisque qu’aucune nécessité à manifester le monde ne saurait contraindre l’Absolu, l’existence humaine n’est qu’une distraction, un jeu (Lîlâ), un phantasme gratuit traversant notre Éternité.

  1. Transmission sur la Gnose de l’Identité transcendante au-delà de l’expérience (Brahmajnâna).

La Gnose transcendante s’obtient par un usage systématique de la discrimination (viveka) afin de détruire le concept d’identification au corps et au mental.

Le simple fait d’être capable, en l’Éveil transcendant, de se sentir exister au-delà du corps et du mental, n’a pas détruit les racines du processus mental d’identification égotique qui fabrique l’illusion du moi individuel (ahamkâra).

Il s’agit de parvenir à la conviction profonde et vécue du fait d’être la Conscience universelle et transcendante du Soi (Âtman) qui ne connait ni naissance, ni mort, ni aucune forme d’emprisonnement dans le corps, le temps et l’espace.

La Conscience dont nous parlons ne doit pas être confondue avec la « conscience psychologique ou mentale ». C’est-à-dire avec la conscience de « ceci, ou de cela » qui constitue la seule forme de conscience connue de la philosophie et de la psychologie occidentale.

Cette Conscience, qui est l’espace en lequel surgissent toutes les formes de perceptions, est en elle-même vide de tous contenus. C’est pourquoi elle est dite « pure Conscience » (Chit).

Cette Conscience n’est pas une « conscience personnelle », mais une conscience universelle et transcendante qui en raison de son caractère Omnipénétrant, habite au cœur de toutes les formes de vie et constitue l’identité véritable, le Soi (Atmâ) de chacun.

Notre Identité véritable en tant que Conscience, au-delà de l’homme en ces aspects physiques, psychiques, et spirituels, est de même nature que celle de l’Absolu (Brahman), ou de Dieu, qui est pur Esprit, ou pure Conscience.

Cette Conscience n’est concernée ni par la pureté, ni par l’impureté, ni par aucune forme d’expérience spirituelle, ce qui évidemment inclut l’Éveil transcendant.

Toutes les limitations, tous les conditionnements humains, tous les états psychologiques, toutes les expériences ne sont que des éléments du spectacle que perçoit d’instant en instant notre Conscience.

Cette étape se résume par le vécu de l’affirmation Vedantique : « Je ne suis ni le corps, ni l’énergie vitale, ni le mental, ni l’intellect : je suis le Soi ».

  1. Transmission de la Gnose englobante (Sarvam Brahma jnâna).

Le Réel se compose de deux Principes distinguables, mais non séparables. Comme la flamme et sa clarté. Ces deux Principes sont la Puissance divine, l’Énergie (Shakti) produisant la totalité des apparences phénoménales (maya) et, d’autre part la Conscience universelle et transcendante qui habite la totalité des formes de vie et perçoit les phénomènes engendrés.

Puisque tout est Un, et puisqu’il n’existe qu’une Conscience et qu’une Énergie, nous sommes inséparables de ces deux Principes. Nous sommes la Conscience immuable qui perçoit et la mouvance des phénomènes perçus.

Vivre cela, c’est réaliser notre unité avec tous les êtres. C’est aussi détruire le concept, la croyance, en l’altérité qui nous sépare fictivement du monde et des autres.

La réalisation de cette étape est résumée dans les textes Vedantiques par la phrase : « Tout est mon Soi ».

Cette étape est fondamentalement distincte de la précédente qui établissait une distinction entre « le Soi », c’est-à-dire la pure Conscience, et le non-Soi » » se composant du corps, de l’énergie vitale, du mental, et de l’intellect. Alors que maintenant il s’agit de reconnaitre toute chose perçue comme étant notre Soi.

Si l’enseignement de ces deux étapes n’est pas placé dans leur ordre hiérarchique, certains textes de l’Advaïta-Vedanta paraissent comme un fatras contradictoire dans lequel ayant affirmé que nous sommes distincts de tout, on déclare ensuite que tout est « Nous même ».

Travailler la Gnose englobante sans avoir réalisé la précédente présente des risques de déséquilibre psychologiques, car l’identification à la totalité du cosmos se ferait à partir du moi individuel, ce qui proprement délirant.

Reconnaitre par la compréhension notre unité avec la totalité des phénomènes et des créatures, puis intégrer cette compréhension dans notre vécu quotidien c’est détruire l’idée d’être une petite entité individuelle isolée.

Notre « réalisation spirituelle » devient la réalisation de tous les êtres qui se produira à la fin des temps, puisque tous les êtres sont autant de facettes de notre manifestation énergétique.

  1. Transmission de la Suprême Gnose sans concepts (Prajnâ).

Les notions d’illusion, de Gnose transcendante et de Gnose englobante étaient des saisies conceptuelles et des objectivations nous faisant « vivre » ces concepts. Maintenant, il nous faut rejeter, sans aucune concession, tous les concepts que nous pouvons avoir sur le monde, sur nous même, sur la Réalité absolue et sur la spiritualité.

Cette destruction des enrobages conceptuels ne laissant subsister que l’Ineffable et l’Inexprimable.

Une telle destruction conceptuelle si elle se réalisait sans l’obtention du vécu intérieur des étapes précédentes serait purement négative et s’apparenterait à une forme de nihilisme philosophique.

Aborder directement ce niveau sans passer par le travail conceptuel caractérisant les trois étapes précédentes revient à dépasser un intellect qui n’a pas muri.

Le rejet de tous les concepts ne peut porter véritablement tous ces fruits, qu’après usage des concepts libérateurs des trois premières étapes. Si tel n’est pas le cas, si l’on veut passer directement au rejet de tous les concepts, la vie du pratiquant sera soumise a une terrible dichotomie : il vivra un instant dans le rejet de tous les concepts et, l’instant suivant, puisque sa réalisation spirituelle est encore imparfaite, il retombera au niveau le plus bas, celui de la croyance en la réalité du monde et de l’identification au corps et au mental.

  1. Transmission de la recherche du vécu constant de la Suprême Gnose (Prajnâ-Nishtha).

Nous devons maintenant rechercher un vécu constant de la suprême Gnose (Prajnâ). Seuls ceux qui parviennent à un vécu constant, vingt-quatre heures sur vingt-quatre étant des « Libérés vivants » (Jivan-Mukti).

Pour parvenir à rendre le vécu Gnostique de plus en plus constant. Nous avons recours à la « discipline de l’attention », car l’attention constitue le leur moyen n’entraimant aucun recours à des concepts.

Souvent les pratiquants découvrent la suprême Gnose en utilisant telle ou telle forme d’attention particulière correspondant à la pratique qui est la leur. Ils sont ainsi amenés à penser que le vécu gnostique constant sera possible par l’installation constante de cette forme d’attention. Cette déduction qui parait évidente est cependant erronée, car le recours à une seule forme, ou orientation de l’attention se révèle inadapté à la diversité des circonstances.

Pour intégrer le vécu de la suprême Gnose dans tous les types de circonstance, il nous faut travailler les formes d’attention suivantes :

Orientation intériorisée de l’attention vers notre Présence, notre Soi. 
Orientation extériorisée de l’attention vers la globalité de l’instant présent. 
Orientation de l’attention vers autrui. 
Orientation de l’attention vers un élément du monde. 
Orientation de l’attention vers l’Énergie cosmique. 
Orientation de l’attention vers l’Énergie spirituelle. 
Orientation de l’attention sur l’activité physique. 
Orientation de l’attention sur le corps extérieurement ou intérieurement. 
Orientation de l’attention vers les productions mentales involontaires. 
Orientation de l’attention sur l’activité intellectuelle. 
Orientation de l’attention de l’attention vers la douleur. 
Orientation de l’attention vers le plaisir. 
Orientation de l’attention vers l’état de rêve et de sommeil profond.

Chaque orientation de l’attention constituant une technique particulière.

  1. Transmission de l’établissement dans le Soi (Âtma-samstha).

La diversité des formes d’attention, avec leur aspect technique et artificiel, disparait au profit d’une seule forme d’attention qui s’enracine dans notre Soi, notre Âtman.

Cet enracinement s’accompagne d’un vécu béatifique. Or seul ce qui procure du plaisir peut devenir constant.

Le vécu béatifique produit une transmutation de toutes les avidités humaines qui recherchent constamment le plaisir et trouveront l’apaisement dans le Soi lui-même.

C’est également dans cette étape que nous apprenons à vivre en tant que pure Conscience Témoin inaffecté par le spectacle des états de veille et de rêve.

  1. Transmission de la permanence éternelle au-delà de l’Être et du Non-Être (Nitya-Sat-Asat).

Tout ce dont il était question jusqu’à présent était vécu au niveau de la conscience. Il faut maintenant nous enraciner dans ce que nous sommes depuis toujours et à jamais au-delà de la conscience et de l’inconscience, au-delà de l’Etre, dans le Non-Etre.

Le Non-Etre n’est pas un pur néant inexistant. Si le Non-Etre n’était pas, s’il était sans existence, sans Etre, il serait inutile d’en parler. Le Non-Etre c’est la modalité potentielle de l’Etre Manifesté.

Toute forme de vie, tout univers, se caractérise par une Manifestation (Vyâkta) de l’Énergie cosmique (Shakti). Cette Énergie connaissant également l’état de Non-Manifestation (Avyâkta) qui n’est autre que le Non-Etre (Asat).

Ainsi la Réalité du suprême Absolu (Para-Brahman) englobe sa propre existence et celle de Sa Puissance (Shakti), sous ces deux modalités de Non-Etre (Asat), ou Non Manifesté (avyâkta) et de l’Etre (Sat), ou du Manifesté (Vyâkta).

Certains enseignements commettent l’erreur d’imaginer que le Non-Etre se situe au-delà de l’Être de l’Absolu, alors qu’en réalité le Non-Etre précède non pas l’Être Absolu mais l’Etre manifesté. Toute manifestation ne pouvant se produire que si elle s’origine dans une potentialité préexistante, potentialité qui est celle du Non-Etre cosmique.

La fin d’un univers étant le retour des Énergies qui l’ont composé à l’état de Non-Manifestation, de Non-Etre ; et le surgissement d’un nouvel univers étant la Manifestation d’une parcelle des possibilités contenue dans le Non-Manifesté.

S’enraciner dans le Non-Etre c’est se poser « la question des origines », en revenant à ce que nous étions avant la naissance, avant l’apparition du monde.

Cette étape c’est le passage du vécu au niveau de conscience de l’Etre, du Soi universel (Atmâ), au vécu de nos Tréfonds (Para-Atmâ) qui se situent dans les abimes de l’Absolu (Para-Brahman).

Pour cela nous devons dépasser la conscience en évoquant l’inconscience, puis dépasser l’inconscience elle-même, dont nous sommes le Témoin.

  1. Transmission de l’État Naturel (Sahaja-Avasthâ).

L’état naturel consiste vivre ce que nous sommes depuis toujours.

Sans effort, sans recherche, sans exercice.

Nous devons apprendre à constater qu’à aucun moment nous ne pouvons cesser d’être CELA.

Nous restons ce que nous sommes depuis toujours et à jamais. Indépendamment des imperfections humaines.

Puisque ces imperfections existent, la pratique continue, car tandis que nous sommes l’Immuable, l’homme, de même que l’ensemble des phénomènes perçus se situe dans le Devenir. Or, dans le Devenir, une évolution infinie est possible.

Cette absence totale de « faire », ce dépassement de la volonté individuelle, cette disparition de la recherche spirituelle, tandis que l’homme continue d’agir, ne sont évidemment possibles que pour ceux qui ont réalisé les étapes précédentes. Ceux qui voudraient aborder directement l’état naturel n’aboutiraient qu’à un état de passivité psychologique, de laisser-aller, spirituellement préjudiciable.

  1. Transmission sur le Devenir infini.

Après la transmission de l’État Naturel, il y a une ultime transmission qui n’est pas vraiment une étape. Il s’agit de l’étude de l’ensemble des « signes » caractérisant le vécu authentique de l’État Naturel et de ces conséquences :la Libération en la présente vie.

Si certains de ces « signes » manquent, l’Adepte peut ainsi travailler ce qu’il a insuffisamment assimilé dans les étapes qui lui ont été transmises.

Ces « signes » sont les suivants : 
Patience. 
Paix profonde. 
Incapacité d’attachement. 
Sens de l’unité reliant tous les êtres entre eux. 
Absence d’extériorité par le vécu que tout ce qui existe se situe en notre Réalité transcendante. 
Amour et compassion. 
Ne pas être concerné par le Bien ou le Mal dans l’accomplissement du Bien.
Pratique spirituelle sans implication dans cette pratique. 
Spontanéité inspirée. 
Inexistence de la croyance en une entité pensante. 
Absence de pensée derrière la pensée. 
Non agir dans l’agir. 
Esprit d’enfance. 
Maintien du vécu de la suprême Gnose sans effort.

Petite explication sur la dernière étape

Dans cette étape on reprend le « point de vue de l’homme » comme serviteur de notre Soi. Rien ne pouvant surpasser l’immuabilité éternelle de l’État Naturel, il s’agit du devenir de l’instrument humain. Cette dernière étape contient une analyse des « signes » de la Libération en cette vie (Jivan Mukti) ce qui constitue une méthode de contrôle permettant de vérifier dans le vécu humain l’intégration des étapes de l’initiation et le cas échéant de pallier à certaines insuffisances. Étant entendu qu’à ce stade nous ne parlons plus, depuis déjà longtemps de « notre vécu », mais du : « vécu humain », c’est-à-dire de ce qui doit se refléter au sein d’une vie humaine à laquelle nous ne nous identifions plus. Bien qu’un tel vécu fasse pour nous partie des choses extérieures que nous percevons, le reflet qu’il constitue témoigne d’un acquis véritable, faute de quoi toute la dite « Réalisation » ne pourrait être qu’une fiction purement subjective.

L'Adeptat

L’Adeptat se rapporte aux pratiques et aux actions des personnes qui font partie de notre Confrérie initiatique. Ne peuvent faire partie de cette Confrérie que ceux qui ont achevé la réception des transmissions initiatiques du Gnostiquat. Tout membre de la Confrérie participe, visiblement ou invisiblement, à la diffusion de la Connaissance.

Parmi les membres de la Confrérie les personnes assumant la fonction d’instructeur, ou d’instructrice, ont évidemment une place prééminente puisque c’est sur elles que reposent la pérennité de ladite Confrérie.

Mais on ne peut devenir instructeur qu’après avoir reçu une formation pédagogique et avoir satisfait aux contrôles se situant en fin de formation.

Cette formation peut être entreprise à partir du niveau de la Gnose englobante, mais les fonctions d’instructeur ne peuvent évidemment être pleinement assumées qu’après un achèvement du Gnostiquat.

Conclusion

Nous ne donnons pas de précisions sur la nature de ces différentes étapes afin de ne pas alourdir le présent exposé.

Ce qu’il importe de savoir, c’est que chaque étape implique le passage à une perspective supérieure et la remise en cause de ce qui a été précédemment appréhendé.

Remarque 

Nous pouvons dire, sans forfanterie, que cette structure initiatique est très riche et que parmi les personnes engagées dans une recherche spirituelle depuis de nombreuses années nombreuses sont ceux qui « plafonnent » dans ce qui pour nous ne constitue qu’une étape.

Mais cette richesse a une contrepartie : il faut être prêt à fournir un intense travail pendant des années.