MANIFESTE
DE LA MAÏEUTIQUE TRANSCENDANTE
Sommaire
Le Manifeste de la Maïeutique transcendante
Tout enseignement, tout mouvement spirituel, repose sur un ensemble d’idées forces et de prises de positions fondamentales qui le caractérise, et qui sous-tendent son expression et sa démarche.
Ce manifeste commence par donner quelques définitions puis décrit les différentes prises de position de la Maïeutique Transcendante
La dénomination Maïeutique Transcendante a pour avantage de désigner conjointement l’objectif visé : la transcendance, et la méthode utilisée à savoir : l’art de la découvrir en soi-même, grâce à l’aide du dialogue avec un initiateur, c’est à dire un accoucheur d’âmes.
L’écrit ne saurait être qu’un écho affaibli du dialogue initiatique.
Définition de la Maïeutique Transcendante
Le mot Maïeutique désigne une méthode d’enseignement, qui contrairement à la dialectique ne prétend pas donner le Savoir de l’extérieur, mais aide autrui à le trouver en lui-même.
Ce mot vient du grec Maieutikê, signifiant : art de l’accouchement. Utilisé dans le sens d’art d’accoucher les esprits, c’est-à-dire de faire découvrir à l’interlocuteur des vérités qu’il porte en lui, ce terme fut utilisé par Socrate pour désigner sa manière d’enseigner.
L’usage que nous faisons de ce mot n’est pas fortuit ; chaque initiateur de la maïeutique transcendante, quoique donnant un enseignement différent, reprend à son compte la méthode et la mission de Socrate. Tout l’intellectualisme de Socrate tient en ceci, que la condition de la prise de conscience, c’est la parole, la parole ordonnée et féconde de l’homme qui se cherche lui même. Logos : discours et raison. Cette raison ne s’oppose pas à l’intuition, mais aux certitudes de première main, aux certitudes irréfléchies qu’on a sans le savoir et sans savoir d’où on les tient.
Dire que la conduite droite est science, et que la Vertu peut s’enseigner, ne signifie donc pas pour Socrate qu’un certain savoir de choses, à acquérir comme on se procure des denrées au marché, ferait automatiquement les gens de bien. On ne peut pas enseigner la Vertu, parce qu’elle n’est pas un ensemble de recettes ou de propositions qui puissent s’échanger du maître à l’élève contre de l’argent.On peut enseigner la Vertu parce qu’elle réside dans une conversion, un mouvement d’âme que le maître aide le disciple à opérer en lui-même.
Voici l’art de la maïeutique :
«J’exerce, dit Socrate, le même métier que ma mère; accoucher les esprits est ma tâche, et non pas d’enfanter, qui est l’affaire du dieu. »
(Platon-Théetète)«L’accoucheur spirituel n’apporte, ne transmet rien à l’âme qu’il éveille. Il la laisse nue en face d’elle même. »
(Micheline Sauvage – Socrate et la conscience de l’homme – édition Albin-Michel – 1962 – extraits des pages 109 à 111)
Écoutons Socrate lui-même nous définir sa mission :
La dénomination Maïeutique Transcendante a pour avantage de désigner conjointement l’objectif visé : la transcendance, et la méthode utilisée à savoir : l’art de la découvrir en soi-même, grâce à l’aide du dialogue avec un initiateur, c’est à dire un accoucheur d’âmes.« Athéniens, je vous salue bien et je vous aime ! Mais j’obéirai au dieu plutôt qu’à vous : jusqu’à mon dernier souffle et tant que j’en serai capable, ne vous attendez pas que je cesse de philosopher, de vous adresser des recommandations, de faire voir ce qu’il en est à qui, en chaque occasion se trouvera sur mon chemin en lui tenant le langage même que j’ai coutume de tenir : « Ô le meilleur des hommes, toi qui est un athénien, un citoyen de la ville la plus considérable, de celle qui, pour le savoir et la puissance, a le plus beau renom, tu n’as pas honte d’avoir le souci de posséder la plus grande fortune possible, et la réputation et les honneurs, tandis que de la pensée, de la vérité, de l’amélioration de ton âme, tu ne te soucis point et n’y penses même pas !
Et s’il s’en trouve un parmi vous pour le contester et pour prétendre qu’il en est soucieux, je ne le lâcherai pas sur l’heure, je ne m’en irai pas non plus; mais je lui poserai des questions, je l’examinerai, je lui montrerai son erreur, et, s’il ne me semble pas posséder de vrai mérite, et qu’il le prétende cependant, je lui reprocherai d’attribuer la moindre valeur à ce qui en a la plus grande, tandis qu’il met à plus haut prix ce qui est le plus misérable !
Voilà ce que je ferai, avec les plus jeunes comme avec les plus âgés, au hasard de la rencontre, avec l’étranger comme avec l’homme de la ville, mais surtout avec vous, les gens de cette cité, pour autant que par l’origine vous m’êtes plus proche ! C’est à cela en effet, sachez-le bien, que m’invite le dieu. Quant à moi, je ne crois pas qu’il y ait eu encore dans la cité de bien plus grand que cette soumission de ma part au service de Dieu ! Je ne fais rien d’autre en effet que de circuler partout ; je vous engage, les plus jeunes comme les plus âgés, à n’avoir, ni pour vos corps, ni pour vôtre fortune, de souci qui soit antérieur à celui de l’amélioration de votre âme, ni qui soit même également fort; je vous dis que ce n’est pas de la fortune que naît le vrai mérite, mais que c’est le vrai mérite qui fait bonne la fortune, les autres choses humaines aussi, toutes sans exception, dans les affaires privées comme dans celles de l’État.
Or jamais je n’ai été, moi, le maître de personne. Mais, s’il y a quelqu’un qui ait envie de m’écouter quand je parle et que j’accomplis la tâche qui est la mienne, qu’il soit jeune, qu’il soit vieux, jamais je ne lui ai refusé : pas plus que je ne m’entretiens avec lui pour de l’argent reçu, je ne m’y refuse faute d’en recevoir; au contraire je m’offre aux questions, à celles du riche pareillement comme à celles du pauvre; à moins qu’on ne préfère être le répondant et écouter ce que je puis avoir à dire c’est la précisément pour un homme le bien le plus grand, de s’employer chaque jour à parler de la vertu et de ce dont encore vous m’entendez m’entretenir tandis que je procède à l’examen de moi-même comme des autres, et enfin, qu’une vie à laquelle l’examen fait défaut ne mérite pas qu’on la vive. »
(Platon – Extraits de l’apologie de Socrate)
L’écrit ne saurait être qu’un écho affaibli du dialogue initiatique.
Prises de positions fondamentales
Amis, vous pensez peut-être que je vous cache quelque chose. Non, je ne vous cache rien. Il n’est rien de ce que je pratique que je ne partage avec vous : telle est ma vraie nature. » (Confucius – Entretien 7 – 23)
Tout enseignement, tout mouvement spirituel, repose sur un ensemble d’idées forces et de prises de positions fondamentales qui le caractérise, et qui sous-tendent son expression et sa démarche. Nous allons commencer par exposer succinctement celles qui sont propres à la Maïeutique Transcendante.
Position dite de l’universalisme
« C’est seulement pour Te faire connaître en tant qu’Être et Conscience, que tu résides dans différentes religions, sous des noms et des formes différentes » (Ramana Maharshi – Sri Arunachala Ashtakem)
La Maïeutique fait de l’universalisme un postulat de base. Pour elle toutes les religions sont des expressions différentes de la même vérité. Toute autre déclaration, quels que soient les arguments avancés, n’est qu’une manifestation de sectarisme. Les querelles théologiques sont des jeux d’enfants ignorants, chacun percevant un aspect de la Réalité, et croyant que cet aspect exclut les autres. En chaque religion il y a une démarche vers la Connaissance et la Réalité Suprême. Lorsqu’un individu parvient à éveiller son esprit à la perception de cette ineffable Réalité, il interprète son expérience en fonction de ses croyances et de sa culture. La Maïeutique se situe au-delà des dénominations et des conceptualisations, dont les esprits dogmatiques enrobent la Réalité Suprême. Son enseignement qui n’est en désaccord avec l’ultime d’aucune religion, n’incite à personne à abandonner la forme de spiritualité à laquelle il a adhéré. S’il n’est pas nécessaire de se rattacher à une religion particulière pour le recevoir, il se présente pour ceux qui se situent dans le contexte d’une structure traditionnelle, comme une méthode qui leur permettre d’aller au fond de la question religieuse. Par son assimilation, ils seront amenés à vivre l’essence même de leur religion. À la civilisation planétaire qui s’édifie peu à peu doit correspondre une spiritualité planétaire. Il faut dépasser l’enclos des bercails et préparer les aubes de l’avenir.
Une synthèse spirituelle aussi vaste que possible nécessite l’épuration de tout ce qui n’a pas de valeur universelle et n’est que l’expression d’un particularisme culturel, rituel ou coutumier. Le rejet de toutes les déformations, perversions et scléroses qui ont proliféré à partir ou à l’encontre de Doctrines vénérables, révélées par Dieu aux hommes. Ainsi que la résolution dans la perspective Ésotérique, des différentes polémiques et contradictions entre les doctrines. Contradictions apparentes qui ne sont que la conséquence d’incompréhensions mutuelles. Une telle synthèse se situant au niveau du vécu intérieur de l’Ésotérisme n’a rien à voir avec les formes extérieures de spiritualité et de la religion. De par ce fait elle ne peut être confondue avec une espèce quelconque de syncrétisme.
Position dite de l’enracinement traditionnel
« À lui qui enseigne par l’injonction Védique : « Cela tu l’es », ceux qui s’en remettent à Lui. À lui qui possède la forme parfaite de l’instructeur, au bienheureux Dakshinâmûrti, j’offre mon obéissance. » (Shankara. Dakshinâmûrti – Stotra)
Les Védas hindous, transmis oralement pendant de nombreux siècles avant d’être confiés à l’écriture, sont des textes sacrés, révélés aux hommes dès l’aurore de l’humanité. La conclusion et l’exégèse des Védas constituent en Inde ce qu’on appelle la tradition védantique. La maïeutique se déclare Héritière de la tradition védantique, et de l’ensemble de la Tradition Hindoue. À cette Tradition elle doit tout, et son but est de la transmettre, Mutatis Mutandis. Le Sat-Guru à qui elle doit son impulsion et sa capacité salvatrice est Sri Bhagavan Râmana Maharshi. Toute tradition doit, sous peine de sclérose, se transmettre Mutatis Mutandis. C’est donc mutatis mutandis (en changeant ce qui doit être changé, en raison des modifications du contexte social et historique) que la Maïeutique Transcendante se donne pour tâche de transmettre la Vérité védantique. Il n’est donc pas question de proposer aux gens de s’hindouaniser. Assimiler le message d’une Tradition ce n’est pas adopter un ensemble d’attitudes extérieures. La vraie transmission n’est pas conservation exacte et figée, elle implique un nouveau façonnage de la formulation. La vraie fidélité est dans l’esprit, non dans la forme.
Position dite de l’ésotérisme
« Chaque être renferme en lui-même la totalité du monde intelligible » (Plotin)
Au travers de la multiplicité des traditions, des Doctrines et des Religions, une même Vérité Ésotérique est enseignée. C’est à cette Voie Ésotérique et Universelle que se propose d’initier l’Enseignement de la Maïeutique Transcendante.
La réalisation spirituelle que la Maïeutique a pour but d’atteindre libère l’homme de son emprisonnement psychologique dans la condition humaine, pour lui permettre d’accéder à l’état d’Éveil. En cet Éveil la Réalité Suprême est pour chacun l’objet d’une expérience intérieure illuminatrice, dans laquelle la conscience individuelle fusionne avec l’Éternité ineffable de la Transcendance. Cette Transcendance a été appelée Dieu en Occident, Brahman en Inde, Tao en Chine, Nirvâna par les Bouddhistes… Tous ces termes et bien d’autres désignent une même et unique Réalité qu’aucun mot ne peut décrire. Réalité présente en chaque homme. Son enseignement se situant au niveau Ésotérique l’aboutissement du travail intérieur qu’elle propose est identique à la finalité du Bouddhisme, du Taoïsme chinois, de la Cabbale Hébraïque, de la mystique chrétienne, du soufisme Musulman, et de toutes les grandes Doctrines. Par un processus d’introspection, l’adepte de la Maïeutique découvre que sa propre conscience est le témoin du monde, du corps physique, et de l’activité du mental. Cette pure conscience Témoin, vide de contenu, immatérielle et intemporelle, qu’il considère désormais comme étant son être propre, c’est l’Atman de la Tradition hindoue. C’est l’âme spirituelle, parcelle de Dieu qui est pur Esprit dans la tradition occidentale. En approfondissant son introspection notre adepte constate que sa conscience témoin est Une avec la Conscience Divine, et avec la Conscience Cosmique. Grâce à une pratique assidue, il devient capable de fusionner avec le Vide sublime, le silence bienheureux, et la Lumière informelle, de l’Éternelle et immuable Réalité Transcendante. Tandis que par ailleurs il perçoit son Unité avec l’Énergie Cosmique engendrant toutes les manifestations phénoménales. Sentiment d’unité qui est la racine de l’Amour Universel. En termes Hindous l’immersion de la conscience individuelle dans la conscience Divine, c’est la découverte de l’identité profonde, entre l’Atman et le Brahman. En termes Bouddhistes c’est l’entrée dans le Nirvana. En termes occidentaux c’est l’union mystique en laquelle l’âme s’unit définitivement à Dieu et participe à sa gloire. La Gnose c’est la Connaissance du Principe Suprême. C’est la Connaissance de Dieu. Cette Connaissance inclut la constatation du fait que notre Essence qui est pure conscience, notre Identité profonde, notre Soi, est Dieu lui-même. Cette identité profonde, demeure au-delà de l’homme, en ses aspects physiques et psychiques. Vivre la Connaissance Gnostique de notre identité profonde, c’est être délivré de l’emprisonnement en la temporalité. La mystique, c’est la relation qui s’établit entre Dieu et l’homme, relation d’amour, de dévotion, de soumission, en laquelle l’homme devient serviteur de Dieu, et participe à la rédemption générale du cosmos. Mystique et Gnose sont complémentaires. Par la Gnose nous connaissons notre Essence éternelle ; par la Mystique nous transfigurons l’individualité humaine. Une Réalisation intégrale englobe ces deux niveaux.
Quant à l’action qui nous fait accomplir les Oeuvres, elle découle de l’Amour. C’est par l’Amour de Dieu, présent en tous les êtres, que nous travaillons à manifester ici-bas la Lumière Divine. C’est l’Amour de Dieu qui se manifeste en nous, et qui nous pousse à accomplir les oeuvres, que sa grâce son inspiration et sa guidance nous désignent. Au niveau de l’exotérique, c’est à dire au niveau des rites, des coutumes, des mythologies et des dogmes, les différentes religions apparaissent très dissemblables. Par contre, au niveau de l’ésotérisme, c’est à dire des aboutissements théologiques, des expériences mystiques, des méthodes contemplatives et des disciplines initiatiques, une unité profonde et sous-jacente à la diversité des formulations peut être dégagée, entre les traditions tant orientales qu’occidentales. La diversité Exotérique apparaît comme la conséquence des contextes culturels et historiques, au sein desquels les traditions ont vu le jour et se sont développées. Ainsi nous pouvons constater qu’au travers de la multiplicité exotérique des traditions, des doctrines et des sectes, une même Unique et Universelle Vérité ésotérique est enseignée aux hommes. Le développement de la technologie des moyens de communication engendre une interfusion culturelle à l’échelle planétaire. De ce fait, les spécificités traditionnelles en matière de spiritualité sont d’ores et déjà virtuellement dépassées. Il faut donc orienter la recherche intérieure vers le noyau central de la spiritualité humaine. Noyau central qui, en son ésotérisme, est commun à toutes les traditions. C’est pourquoi, délaissant la pesanteur et les méandres des structures exotériques de la spiritualité, l’enseignement de la Maïeutique s’attache à l’essentiel. Cet essentiel qui est Universel, et dont la connaissance est affaire d’expérience intérieure directe. Il est possible de démontrer, par un ensemble de référence comparative l’unité ésotérique des différentes religions et grandes doctrines. À la lueur de cette étude comparative, il apparaît clairement que toutes les Mystiques et toutes les Sagesses aboutissent à cette fusion transcendantale, vers laquelle la Maïeutique a pour but d’acheminer.
Ainsi dans la Tradition Hébraïque de la cabale, la Rédemption a pour objet de réaliser l’unité entre la transcendance et l’immanence de Dieu, entre la Shechina et kaddosh – Barouch – Hou : » chaque acte, chaque accomplissement d’une loi provoquant un fragment de cette Unification. Proclamer l’Unité de Dieu ?- Le juif appelle cela : Unifier Dieu. Car cette Unité est dans la mesure où elle devient, elle est devenir d’Unité. Et ce devenir est placé dans l’âme et dans les mains de l’homme » – (Franz Rosenzweig – L’étoile de la Rédemption) et Moise Cordovero dit : » Tout ce qui existe est enveloppé de sa substance. Il enveloppe tout être, mais non pas sur le plan de l’existence inférieure, séparée – dans le fait de la substance. Lui et les choses sont un : les choses ne sont ni séparées, ni multiples, ni extérieurement visibles. En tant que substance elles sont présentes dans ses séphiroth et lui est ainsi chaque chose, rien n’existe en dehors de lui » (Shiour coma – 40). Celui qui a accompli sa réalisation spirituelle dit à la suite du Christ : « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Évangile selon Saint Jean 14-11) – « Le Père qui demeure en moi accomplit les Oeuvres » (idem 14-10). Cette expérience de l’unité constitue le sommet du message chrétien : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » (Saint Paul, Epitre aux Galates, 4-7). « L’âme devient Dieu par une participation à sa nature et à ses attributs » (Saint Jean de la croix, Vive flamme d’amour, 3) « L’homme image de Dieu, devient Dieu par la déification, il jouit pleinement de l’abandon, de tout ce qui lui appartient par nature parce que la grâce de l’esprit triomphe en lui et parce que Dieu manifestement, agit en lui » (Ambigua, patrologie grecque 91 – 10 76 BC). Ceci est possible, car : « le royaume de Dieu est au dedans de vous » (Évangile selon Saint Luc 17-21) « Royaume de Dieu est mon fond, et mon fond est le fond de Dieu » (Maître Eckhart sermon in hoc appruit carites dei in nobis) « où prend fin la créature, Dieu commence à être. Or Dieu n’exige pas plus de toi que de sortir de toi-même selon ton mode d’être de créature, et de laisser Dieu être Dieu en toi » (Maître Eckhard – idem). Dans les paroles de Soufis Musulmans nous trouvons la même expérience de l’unité : » Sans Lui comme principe actif et sans nous comme réceptacle de Son acte rien n’existerait. Je l’adore en vérité ; et Dieu est notre Maître. Mais je suis Lui-même « . « Sois à la fois Dieu en ton essence et créature par ta forme, et tu seras par Dieu le dispensateur de sa miséricorde » (Muhyi-d-dîn- ibn’ Arabi – La Sagesse des Prophètes). « Mon âme n’est pas autre chose que vous-même, ma croyance c’est que vous êtes moi » -(Abûl Hasan’Ali Museffar Sibtî). Dans le Védanta Hindou le Sage spirituellement réalisé s’exprime de la sorte : « Je suis Celui qui est immanent de tous » – (Atmâ Sakshatkara-4) « Tout ce qui est vu ou entendu dans l’univers tant à l’intérieur qu’a l’extérieur est pénétré par Moi » -(idem-11) « Je ne suis ni l’esprit ni l’intellect ni la pensée ni le sens du moi. Je ne suis ni l’ouïe ni le goût ni l’odorat ni la vue. Je ne suis ni l’espace ni la terre ni le feu ni l’air. Je suis intelligence et Félicité pures. Je suis Civa, je suis Civa » – (Shankara- six Stances sur le Nirvâna) « Je suis conscience éternelle, dissociée du mental et des sens » – (Hastâmalaka Stotra -7) « Je ne suis pas le souffle vital, ni le mental, mais pur Etre » (Shankara – Atmâ-Boddha 33) « Ce qui demeure éternel, pur, toujours libre, seul, toujours en béatitude, sans dualité, Être – Conscience – Béatitude, de même Brahman transcendant c’est Moi-même (Shankara idem – 36). Cette transcendance se trouve au-delà de toutes catégories, y compris celles de l’existence et de la non-existence des formes de vie. Bouddha définit ainsi le Nirvanâ : « L’incomposé (…) le difficile à voir, l’inébranlable, le non courbé, l’immortel, le pur, le refuge, l’île, le gué, le support, la protection, celui qui ne transmigre pas, le non enflammé, le non-brûlé, l’omniprésent, le très pur, le subtil, le paisible, le sans affliction, le non venu à l’existence » (Samyukta – âgama-sutra n°890) et dans la tradition védantique nous trouvons l’affirmation suivante : « Le transcendant est le Suprême, et il est aussi le Nirvanâ » (Atmâ Sakshatkra – 19)
Le Nirvâna c’est le Dieu Indescriptible et totalement ineffable de la théologie négative. Or le Nirvâna et le Samsara (Le Cosmos) sont un. Ce qui est annihilé dans le Nirvâna, c’est l’individualité et les modes identifiés de la conscience, que sont les consciences mentales et sensorielles. Réaliser en soi la transcendance du Nirvâna c’est trouver notre nature du Bouddha : « Apprendre le Zen, c’est nous trouver, nous trouver c’est nous oublier, c’est trouver la nature du Bouddha, notre nature originelle » (Maître Dogen) « Le silence est notre nature profonde. Silencieuse, la conscience éternelle continue, en deçà de notre naissance, au-delà de notre mort » (Maître Taisen Deshimaru – La pratique du Zen). « Même si notre esprit est petit, il contient l’illimité » (Maître Setiko). « Mon corps est, dans son essence, universel. Aussi j’existe en toi et tu existes en moi, en mon corps et en mon esprit » (Maître Taisen Deshimaru, « Histoire de Gobuki » in- La pratique du Zen).
La possibilité réalisatrice de la transcendance se retrouve dans toute tradition authentique, c’est ainsi que nous lisons dans le Tao To King : « Le Tao est (…) pareil à un gouffre origine de toutes choses du monde » (4) – « Le Tao lui-même n’agit pas, et pourtant tout se fait par lui » (37). « Le Tao est le fond secret et commun de tous les êtres« (62). « qui est céleste fera un avec le Tao »-(16) Et dans le livre des morts des anciens Égyptiens : « Viens donc, O Dieu ! Fais de moi un Esprit de la cour Divine ! Car, en vérité : je suis Toi. (Chapitre 162) « Je suis Osiris le Premier-né des Dieux. Je suis Osiris Maître des sources Premières de vie » (Chapitre 68). Il est possible d’additionner indéfiniment les citations montrant l’unité des traditions, car, comme l’affirme le Rig – Véda : » La Vérité est une mais les Sages lui ont donné des noms différents ». (l164, 46). La Maïeutique Transcendante a pour rôle d’enseigner ce qui forme le substratum Ésotérique des toutes les religions et Traditions ; c’est donc en vain que l’on chercherait en elle quoi que ce soit d’original. Aucun enseignement authentiquement Ésotérique ne peut être la création d’une individualité. Tout a été dit depuis longtemps. La seule chose à faire, c’est de donner à l’éternel Enseignement une forme Adaptée au contexte de l’époque en laquelle il se perpétue. La doctrine ésotérique qui est sous-jacente à toutes les formulations religieuses est d’une cohérence parfaite. En elle chaque chose trouve sa place. Les pourquoi disparaissent, et l’esprit comprend qu’une intelligence suprême ordonne l’univers. Tout à raison d’être et une finalité. Pour celui qui parvient à cette compréhension globale le tut de la vie humaine apparaît clairement. Il reste à l’obtenir, et ceci est affaire non plus de compréhension philosophique, mais de pratique et d’efforts quotidiens. S’il est intéressant et nécessaire de répondre aux interrogations philosophiques, cela ne saurait constituer une fin en soi dans l’optique initiatique.
Les connaissances que l’on peut récolter sur la Réalité Divine ne sont que des papillons morts, si elles ne sont pas vécues.
La Réalisation spirituelle ne résulte pas d’un enrichissement du mental, mais du dépassement de celui-ci. C’est dans l’inexprimable contemplation silencieuse, qui est extinction de la pensée, que surgit la véritable illumination. En fait, il n’y a rien à réaliser, si l’on entend par là obtenir quelque chose de nouveau. Il suffit de dissiper l’ignorance pour que la vérité apparaisse. Il n’y a qu’un Être unique et éternel, hors duquel rien ne saurait exister. Nous avons toujours été l’Être Divin. Cet Être Divin est notre identité véritable, notre Soi. C’est en prenant conscience de notre union avec Dieu que nous la rendons effective. Ramana Maharshi disait : « La conscience n’est jamais autre chose que la conscience du Soi. En étant conscient de quelque chose, vous êtes essentiellement conscient de vous-même. » (L’évangile de Ramana Maharshi – 92) « C’est pourquoi, je vous déclare, sachez que vous êtes réellement l’Être pur, infini, le soi absolu. Vous êtes toujours le Soi, et uniquement lui ». (idem 80) La réalisation n’est pas quelque chose qu’il faille obtenir ; elle est déjà là. Ce qu’il faut faire, c’est rejeter l’idée : « Je n’ai pas réalisé ». (idem 58) « En réalité, vous êtes ignorant de votre état bienheureux. Cette ignorance vous domine et tire un voile sur le Soi pur qui est béatitude. Vos efforts doivent être uniquement dirigés vers l’élimination de ce voile qui est l’identification de Soi avec le corps, le mental, etc. C’est elle qui doit disparaître, pour laisser la place au Soi » (idem 59). « Le but de la pratique spirituelle est la suppression de l’ignorance et non pas l’acquisition de la Réalité. la Réalisation existe depuis toujours, ici même, en ce moment-ci » (L’enseignement de Ramana Maharshi – dialogue n° 315)
Position dite de la discipline
« Haut comme une montagne, long de mille lieues, le péché accumulé la vie durant ! Seule peut le détruire la pratique de la méditation : il n’est point d’autre moyen ». (Dhyânabindu – Upanisad – 1)
L’enseignement n’est pas un édifice spéculatif, il propose une méthode et une discipline composées d’un ensemble de prises de conscience, d’introspection et de techniques de méditation. Toute la valeur de l’Enseignement et de l’initiation réside dans le fait qu’il ne s’agit pas de vous communiquer une compréhension intellectuelle, mais de vous donner des moyens pratiques afin de vous permettre d’une manière concrète de vous acheminer vers une expérience transformatrice et illuminatrice, d’où découle la véritable connaissance métaphysique, qui est une Connaissance vécue.
Toute connaissance vient de l’expérience. Toute science repose sur une base d’expérience. La spiritualité, en son aspect Ésotérique, est également une connaissance qui repose sur l’expérience, et sur les moyens menant à l’expérience. Ces moyens ce sont les disciplines, à l’art de la méditation revient la première place.
Les religions, qui représentent l’aspect ésotérique de la spiritualité, ne reposent pas sur l’expérience, mais sur la foi et la croyance. Avec la prédominance de l’esprit positiviste et pragmatique qui caractérise les temps modernes, le nombre de personnes qui pensent : « Les religions ne sont qu’un fatras de croyances invérifiables, dans lesquelles chacun pêche ses idées favorites, exprime ses préjugés et ses fantasmes », atteint des proportions croissantes. Les religions traditionnelles sont en crise, car elles n’ont pas suivi l’évolution culturelle. Leurs dogmes et leurs catéchismes enfantins ne conviennent plus aux esprits modernes. Ceci est un signe des temps, et l’avenir ne réside pas dans la restauration de l’ancien ordre des choses, mais dans le passage à un niveau supérieur de compréhension. Dans notre âge noir de confusion spirituelle, se développent les germes du futur âge d’or. Si les formes exotériques sont devenues caduques, cela indique que désormais c’est sur l’ésotérisme, et sur les disciplines qui lui sont afférentes, que se construira la nouvelle spiritualité des temps futurs. De tout cela il résulte que pour devenir initié, la simple étude théorique ne mène à rien. Il faut pratiquer une discipline ésotérique pour parvenir à la connaissance Gnostique. Sans pratique pas d’expérience, sans expérience pas de Connaissance. La réalisation spirituelle est le fruit de la mise en oeuvre d’une discipline systématique. Cette discipline contient deux versants : il y a la discipline contemplative, qui se compose d’un ensemble de techniques de méditation et d’oraison ; puis il y a l’introduction au sein des activités quotidiennes, des états de conscience auxquels on a accédé en méditation. Ainsi vie active et vie contemplative sont complémentaires. Se réserver quotidiennement, un ou plusieurs moments que l’on consacrera aux pratiques contemplatives est indispensable pour contrebalancer l’activisme excessif qui prévaut aujourd’hui. Sans une pratique sérieuse et assidue de la méditation, la connaissance risque de demeurer purement intellectuelle. Par la pratique de la méditation, la connaissance superficielle se transforme en une Connaissance profonde, une Connaissance vécue et libératrice. En la méditation nous parvenons à la parfaite contemplation de la Transcendance Divine, et à l’immersion en elle. C’est le Samâdhi. Cependant la spiritualité ne peut s’enfermer dans des moments de recueillement, fussent-ils subliment. D’autre part, l’usage des techniques méditatives ne doit pas avoir pour objet la recherche d’une fuite définitive dans la Transcendance. Une telle fuite est le fruit d’une compréhension incomplète, car la Transcendance et le Cosmos sont les deux aspects de l’unique Réalité Divine. Dans la méditation nous nous immergeons dans l’abîme de l’immuabilité Transcendante de Dieu ; et dans l’action nous fusionnons avec la Manifestation cosmique de Dieu. Ainsi que le dit Ramana Maharshi : « Le mental d’un Réalisé peut être actif ou inactif, chez lui le Soi existe seul, car le mental, le corps, et le monde ne sont pas séparés du Soi. Ils ne peuvent demeurer en dehors du Soi » (Évangile de Ramana Maharshi – 45)
Position dite de la participation au social
« Je ne pouvais pas vivre une vie religieuse sans m’identifier avec l’ensemble de l’humanité et cela, je ne pouvais le faire sans me mêler à la politique » (Mahâtma Gandhi, Non violence in Peace and War, l – 170,171)
L’enseignement de la Maïeutique est totalement apolitique. Son but est d’ouvrir la Voie et la Transcendance, et non de se préoccuper des contingences sociales. Il ne saurait être question pour un initiateur de prendre parti, de prôner telle ou telle adhésion ou refus politique dans le contexte de son enseignement. L’engagement politique d’un initiateur est une affaire privée, et aucune allusion à ce sujet n’a sa place dans l’enseignement initiatique. Cette attitude apolitique a pour but de maintenir l’enseignement libre de toute attache et compromission politique. La politique est un domaine trop relatif, pour qu’une prise de position soit compatible avec l’enseignement du Sentier de la Transcendance. L’engagement politique relève du domaine des contingences temporelles et de leur appréciation ; appréciation qui ne saurait être exempte d’un certain relativisme subjectif. Mélanger des considérations politiques, avec la pérennité intemporelle, et la dignité suprahumaine d’un enseignement ésotérique, constitue une des plus néfastes perversions de la visée initiatique. Perversion entérinée par tous ceux qui rêvent d’une forme quelconque de Théocratie, ou de collusion entre l’autorité spirituelle et temporelle. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Évangile selon Saint-Marc -12-17) Tout ceci ne signifie pas que la Maïeutique Transcendante incite à démissionner devant les réalités politiques et sociales ; ainsi que l’ont fait certains enseignements qui proposaient de s’isoler du monde, et de se réfugier dans une tour d’ivoire. Au contraire, elle invite chacun à contribuer librement à l’amélioration de leurs conditions de vie. La participation au social est d’ailleurs une des conséquences de la pleine et harmonieuse acceptation du monde. Il est donc proposé à chacun de devenir, selon le libre choix de sa conscience, un ferment de la pâte collective. La mise en oeuvre au sein de notre vie de la Maïeutique Transcendante ne nécessite aucune mortification ascétique, aucun retrait hors du monde. C’est à l’homme moderne, intégré dans la société et plongé dans la vie active que s’adresse son enseignement. Pour une spiritualité intégrale, l’acceptation joyeuse du monde et de la vie humaine, en tous ses aspects, s’accompagne du détachement profond de celui qui n’est plus lié par l’identification, à ce que l’homme accomplit et à ce quoi il participe.
Aucune modification dans l’existence sociale et familiale n’est requise pour réaliser la Vérité qui vous habite. Les circonstances où vous vous trouvez sont la résultante de votre destin, et c’est en votre destin que se trouve la Voie menant à la Réalisation. Quelle erreur de croire qu’il faut devenir moine ermite ou sannyasin pour se Réaliser ! Faire d’un type spécifique et exceptionnel de vocation, une prescription abusivement généralisée, telle est l’erreur prônée par certains. Croire que les conditions extérieures sont quelque chose d’important est une autre erreur fondamentale. La Réalisation spirituelle est intérieure et non extérieure. Seuls ceux qui s’identifient à l’homme s’imaginent que le mode de vie, et le cadre de vie ont un rapport quelconque avec la réalisation. Ici ou là c’est identique. La forêt, le bureau ou l’usine n’ont aucune influence sur votre Réalité intérieure. En matière de spiritualité tout dépend de votre état de conscience. La vie extérieure est sans importance réelle. Qui va au bureau ou à l’usine sinon l’homme ? Pendant que l’homme agit, votre Réalité intérieure demeure inaffectée par les vicissitudes temporelles. La libération consiste donc à cesser de se prendre pour un homme, et à comprendre que l’on est la Conscience immuable et éternelle. Il faut croire que l’on est un homme, pour ensuite s’imaginer que tel mode de vie est spirituellement nécessaire. Voici pourquoi l’ascétisme renforce l’identification à l’homme. La délivrance et le parfait détachement qui l’accompagne sont éloignés à la fois de l’ascétisme et de la recherche avide de la jouissance. Dépasser l’homme, c’est dépasser celui qui s’attache et celui qui se prive. Votre vraie Nature ne dépend de rien. La prise de conscience de ce qui EST ne dépend de rien, et à fortiori d’aucun mode de vie.
Position dite de la relation initiatique
« Seule est vivante la Connaissance qui sort des lèvres du Guru ; les autres formes sont stériles, sans pouvoir, et cause de souffrance ». (Shiva Samhitâ 3-11) Il ne saurait avoir initiation, s’il n’y a pas relation personnelle et prolongée avec un initiateur. Les initiations livresques, ou par correspondance, sont à dénoncer comme des impostures. En l’absence d’un rapport personnel, il peut s’agir d’enseignement valable se rapportant à ceci ou cela, mais en aucun cas il ne peut être question d’une initiation, au sens ésotérique du terme. L’initiation ésotérique ne peut s’effectuer que dans un rapport d’esprit à esprit entre deux personnes, la nécessité du rapport individuel exclut la possibilité d’initiation réelle dispensée à des foules. Ce n’est qu’à des petits groupes de gens qu’une initiation ésotérique peut être dispensée. La relation Initiatique est indispensable, car, mises à part quelques rares exceptions, une personne seule ne parvient pas, en autodidacte, à assimiler en profondeur un processus de Réalisation spirituelle. Sa connaissance et sa compréhension ont de fortes chances de rester superficielles et intellectuelles. Pour vaincre les résistances intérieures, déjouer les pièges de l’égotisme, intérioriser dans tous les aspects de sa vie le contenu de l’enseignement ; et enfin vivre d’expérience, au plus haut niveau, les illuminations d’où découles la véritable Connaissance ; à l’aide de quelqu’un qui est déjà engagé sur le sentier est nécessaire.
Manque d’humilité, orgueil, amour propre exacerbé, égotisme, prétention à l’indépendance par rapport à la Tradition, refus de s’ouvrir à autrui, telles sont les raisons qui font prétendre qu’une relation initiatique n’est pas nécessaire. On rencontre même des personnes qui se prennent pour des maîtres, alors qu’ils n’ont pas réussi à devenir des disciples. Cruel risque d’être la désillusion de ceux qui s’imaginent qu’en lisant, et en étudiant ce qui a été écrit sur la Maïeutique, ils s’initieront à cette dernière. Le moteur de l’initiation, c’est le processus de transfert spirituel qui s’établit entre l’instructeur et l’élève. Il ne s’agit pas seulement de la réception d’un ensemble de notions, mais également et surtout, de l’échange qui s’effectue au-delà des mots. Les manifestations de l’influence spirituelle transmise, loin de se limiter aux seules séances d’enseignement, imprègnent et exercent leur action sur la vie entière de l’élève, en l’aidant à briser les cloisonnements intérieurs qui l’emprisonnent, et l’empêchent d’accéder à L’Éveil libérateur. Le rapport initiatique bien compris exclut toute espèce de culte de la personnalité de l’instructeur. Dénonçons donc la supercherie de nombreux escrocs, mythomanes et faux illuminés, qui se font passer pour des « Dieux vivants » auprès de chercheurs crédules. Un maître authentique n’enseigne pas pour se pavaner ou se faire adorer. Son but n’est pas de faire adorer le Divin qui est en lui, mais d’aider les disciples à trouver le Divin qui est en eux. En Maïeutique Transcendante, il n’est absolument pas question de se soumettre béatement à un « Maître ». Initiateurs et initiatrices ne prétendent d’ailleurs pas à cette dignité. Ils se considèrent comme de simples guides, introduisant les aspirants sur le chemin, et la pratique menant à la Connaissance du Maître intérieur, c’est-à-dire Dieu. Un guide spirituel authentique ne se place sur aucun piédestal. C’est un ami qui se contente d’indiquer le chemin. Ce qui compte c’est d’atteindre le but. Si quelqu’un vous indique la route à suivre, vous pouvez le remercier brièvement, mais se prosterner devant lui, ou demeurer dans la contemplation de sa personne serait à la fois ridicule et absurde. Utilisez le conseil du guide, puis marchez sans vous attarder dans la direction indiquée. Initiateurs et initiatrices peuvent dissiper certaines incompréhensions, dire ce qu’il faut faire, remplir le rôle impersonnel d’un catalyseur pour l’Énergie Divine, cependant c’est à chacun de trouver la plénitude qui l’habite. C’est vous-même qui êtes responsable de votre ignorance. C’est par vous-même que la Réalisation spirituelle sera obtenue. C’est en vous-même qu’elle se manifeste. Le but de celui ou celle qui enseigne est d’aider l’élève à se dépouiller intérieurement, et à descendre en lui-même pour trouver sa Vérité Ultime.
Position dite de la gratuité
« Je vous demande pas un salaire en retour. Mon salaire vient uniquement de Celui qui m’a crée ». (Le Coran, Sourate 11- verset 53)
L’initiation à la Maïeutique Transcendante est dispensée d’une manière entièrement gratuite. Aucun enseignement authentique spirituel ne peut être vendu. La Connaissance est reçue par tous comme un don lumineux. Elle ne doit pas devenir pour des énarques une honteuse manière de « faire » de l’argent. Il y a actuellement une grande prolifération d’association diffusant des enseignements déclarés : « spirituels » ou « initiatiques ». Ces organisations possèdent souvent une infrastructure commerciale assez florissante. Or, tous les arguments essayant de justifier, l’inacceptable commercialisation du spirituel qui sévit à notre époque sont fallacieux. Ils sont employés par des individualités qui n’ont pas compris que la gratuité découle de l’amour. Comment, celui qui n’a ni détachement, ni désintéressement, et qui veut ignorer les conséquences pratiques du don de soi-même, peut-il transmettre quelque chose de spirituellement valable ? On peut s’interroger sur les objectifs réels de certaines associations, principalement préoccupées de leur réussite temporelle. On peut également se poser des questions vis-à-vis de certains « Maîtres », prêchant le renoncement et le détachement et qui, grâce à leur enseignement, se trouvent dans une situation matériellement confortable. On peut innocemment s’étonner que l’amour et le désintéressement soient devenus lucratifs pour qui prétend y conduire… La meilleure manière de se distinguer des plaisantins, des charlatans et des escrocs, ce n’est pas de faire des déclarations d’intention, mais d’agir différemment. Signalons donc qu’il n’y a aucun commercialisme dans l’enseignement de la Maïeutique Transcendante. Ne recevant aucune rétribution directe ou indirecte pour l’enseignement qu’ils diffusent, les initiateurs doivent exercer une activité professionnelle indépendante. De ce fait, étant eux-mêmes intégrés dans la vie active, ils sont à même de guider d’une manière réaliste ceux qui sont plongés dans le même contexte. La seule chose que l’on peut acheter en Maïeutique ce sont les textes d’enseignement. C’est une manière totalement décentralisée que veut se répandre l’enseignement de la Maïeutique Transcendante. Il y simplement un ensemble d’initiateurs et d’initiatrices, aux prérogatives égales, qui enseignent sous leur propre responsabilité, d’une manière gratuite, libre, individuelle et privée, en recevant durant leurs loisirs des petits groupes de personnes, ou des individualités séparées.
Enracinement dans la Sagesse de la Connaissance transcendante, et rayonnement de l’Amour envers tous les êtres vivants, sont les deux faces d’une Réalisation intégrale. La Réalisation individuelle n’a pas pour finalité égoïste l’accomplissement du Salut personnel. Par notre propre Réalisation nous devenons des canaux de l’Unique Lumière, et des instruments actifs de l’évolution de l’univers vers la Rédemption générale. Animée d’une volonté rédemptrice, la Maïeutique incite chacun à diffuser l’enseignement autour de lui, et elle propose aux pratiquants avancés de devenir à leur tour initiateurs ou initiatrices, ceci au terme d’une formation pédagogique spéciale, leur permettant d’introduire adéquatement leurs frères sur le chemin de la Lumière. Celui qui a reçu l’enseignement de la Maïeutique Transcendante, et intégré l’Éveil dans sa vie doit, s’il en perçoit en lui-même l’aspiration, diffuser gratuitement ce même enseignement, et introduire en l’Éveil ceux qui cherchent. Enseigner sera pour lui une manière de continuer à progresser. Pour qui connaissant l’Éveil, et se découvrant avec l’irruption de l’Amour, une vocation enseignante, devenir initiateur ou initiatrice est à la fois un devoir et une nécessité. Plus on reçoit sur le Sentier, plus il faut donner. À celui qui donne, une réceptivité plus large est octroyée. Ainsi se fonde l’éternelle chaîne de la réception et du don. « Venez à ma suite et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Évangile selon saint-Marc 1-17)
Position dite de la sélection
« Bien peu de gens peuvent posséder cette Connaissance, un entre mille, deux entre dix milles » (Basilide dans irénée, adversus haereses 1-24-6) Aucune initiation authentique ne s’adresse à la masse, et ceci tout simplement parce que la masse ne s’intéresse pas aux choses de l’initiation. L’exotérisme s’adresse à la foule, l’ésotérisme est le fait du petit nombre. Il ne s’agit pas de vouloir « convertir » le maximum de gens, mais simplement de faire connaître l’existence d’une voie, et de laisser ceux qui sont intéressés venir à elle. Il n’entre dans l’objectif d’aucun initiateur de rassembler indistinctement le maximum de personnes. Car on ne peut transmettre avec efficacité qu’à ceux qui, par leur propre cheminement, sont déjà parvenus à un état de prédisposition intérieure. Tirer sur un fruit vert ne le fait pas mûrir. Aider à se réaliser spirituellement ceux que Dieu a élus par sa grâce, ce n’est pas chercher à convertir tous les hommes.
Toute pédagogie initiatique doit être conçue de manière à séparer l’ivraie du bon grain.
En Maïeutique Transcendante, c’est un système autosélectif qui est utilisé. L’enseignement est ouvert à tous, sans distinction, mais on laisse ceux qui n’ont ni les aptitudes ni la persévérance requises se décourager eux-mêmes. La pédagogie sélective fonctionne de la manière suivante : ne sont accordées aux aspirants que des entrevues espacées. De cette manière le chemin est indiqué, mais chacun doit compter sur lui-même et sur sa pratique pour progresser. On voit qu’en cela la Maïeutique Transcendante se distingue radicalement des agissements de multiples sectes, qui pratiquent l’embrigadement et le conditionnement systématiques.
Position dite du rejet et de la confusion
« Se vouer à des doctrines pernicieuses, c’est courir à sa perte » (Confucius, Entretiens 2-16)
De nombreuses personnes confondent le développement psychique et l’épanouissement spirituel. Elles s’imaginent qu’en développant certaines facultés psychiques elles progressent spirituellement. L’enseignement de la Maïeutique Transcendante s’inscrit en faux contre cette confusion, explique et démontre clairement que le développement psychique n’a aucun rapport avec la réalisation spirituelle. La Maïeutique Transcendante n’a aucune espèce de rapport avec la métapsychique, la parapsychologie, le spiritisme, l’occultisme, la magie, les sciences divinatoires, l’astrologie, etc. Tous les aspects de ce fatras s’opposent à la limpidité en laquelle le mental est dépassé. Signalons également que les esprits infantiles, avides de merveilles, d’étrangeté, d’exotisme, de révélations secrètes, de mystère jalousement gardé, les esprits crédules fascinés par les sociétés secrètes, intéressées par les ritualismes impressionnants, les symbolismes inutilement compliqués. Tous ces gens désireux de jouer à l’« initié » afin de décorer leur salon, n’ont aucune place en la Maïeutique Transcendante. Notre époque qui, comme toute époque a des aspects positifs et des aspects négatifs, se caractérise négativement dans le domaine spirituel par une grande confusion. Les fausses initiations, les fausses spiritualités, les faux Maîtres foisonnent. Toute une littérature commerciale entretient les notions les plus bêtes ou farfelues sur le spirituel, l’initiatique et l’ésotérique. Les déformations les plus aberrantes se prétendent être d’authentiques traditions. Il y a des rêveurs qui se déclarent héritiers de traditions mortes, et qui ne font qu’entretenir une nostalgie enfantine vis-à-vis d’époques révolues. Il y a les mythomanes et les déséquilibrés qui enseignent les plus sottes élucubrations. Ceux qui fondent des sectes dans le but de s’enrichir ou de flatter leur ego. Les égarés sincères qui, en toute bonne foi, perpétuent de graves déformations.
Du côté des chercheurs, il y a ceux qui confondent initiation et recherche du pouvoir psychique personnel. Les inadaptés ou les désaxés qui cherchent à fuir la société pour se réfugier dans le giron d’un groupe. Ceux qui voulant échapper à leurs « problèmes », ont en réalité besoin d’une psychothérapie et non d’une voie initiatique. Les intellectuels qui, par simple curiosité, voudraient collectionner de nouvelles connaissances de manière à entretenir une flatteuse image d’eux-mêmes. Tous ces gens-là sont inaptes à l’initiation et n’ont rien à faire au sein de la Maïeutique Transcendante. Le faux ésotérisme se caractérise principalement : soit par la recherche du développement des facultés psychiques, des pouvoirs et possibilités latentes en l’homme. Le voyage astral, l’influence de la pensée, la voyance, sont des thèmes chez eux favoris. Or la recherche du développement de l’individualité psychique, loin de permettre la dissolution de l’Ego, ainsi que le proposent les spiritualités authentiques, ne fait que le renforcer. Soit pas un ensemble de spéculations inutiles. Les partisans de ces doctrines s’imaginent que leurs élucubrations, souvent gratuites et contradictoires, représentent l’ésotérisme ; parfois ils se contentent de déclarer qu’elles sont nécessaires pour parvenir à la réalisation spirituelle. En affirmant cela ils entrent en contradiction avec les plus grands Maîtres spirituels, qui ont formellement rejetés à la fois, la nécessité d’étudier ces théories et de cultiver nos facultés psychiques pour se Réaliser spirituellement. Le problème de la condition humaine est celui de l’urgence. Cette urgence qui apparaît dans l’Évangile, dans le Coran, dans les paroles de Bouddha, de Shankara et de tous les grands Maîtres. La vie est courte, il faut se réaliser en cette vie, et ce genre d’étude détourne du but des aspirants sincères. Tout enseignement authentique ésotérique vous aide à dépasser la condition humaine, et à vous faire accéder à la Connaissance Divine, d’une manière aussi simple et directe que possible. Le faux ésotérisme lui, se lance dans une foule de considérations sur l’homme et le monde. Une vie entière peut se perdre dans les études interminables du faux ésotérisme. À celui qui doute et s’interroge nous disons : jugez par vous-même. Étudiez quelques ouvrages authentiquement ésotériques, et à moins que vous ne soyez stupide, la chienlit du faux ésotérisme s’écroulera. Il importe peu que nos propos ne soient pas « agréables » à certaines personnes. Nous ne cherchons pas à « séduire » ou à « faire plaisir ». Les erreurs doivent être dénoncées, non point pour « attaquer » leurs partisans, mais pour sauver ceux qui risquent de s’y perdre. Quant à ceux qui demeurent attachés à l’erreur, ils prouvent leurs inaptitudes. L’Éveil spirituel réclame une vigilance constante. Seule une exigence réalisatrice imprégnant tous les instants de votre vie vous mènera vers la Réalisation.
Les fausses spiritualités sont des opiums qui tentent de vous faire croire que tout est facile. En Maïeutique Transcendante nous vous disons : « Les gloires incommensurables de la Divine Réalité sont l’héritage qui nous revient de droit, mais il faut lutter pour le conquérir. Êtes-vous fermement déterminé à mettre en oeuvre une vigilance constante, qui seule pourra transformer intégralement votre existence ? Êtes-vous animé d’une véritable soif spirituelle, d’une authentique ardeur ? Si tel n’est pas votre cas, ne vous attardez pas dans la Maïeutique Transcendante, passez votre chemin ! » « Nos voies divergent-elles ? Inutile de nous concerter plus longtemps. » (Confusius- entretien 15-39)
Résumé de l'enseignement en 13 points
Conduis-moi, Ô Pûsan, vers quelqu’un qui sache, qui puisse tout droit nous instruire et nous dire : « voici le chemin » (Rg – véda – 6 – 54)
1° POINT
La Maïeutique Transcendante propose au débutant d’aborder le sentier initiatique par la pratique de l’art de l’observation. Je puis observer le corps et l’ensemble des sensations corporelles. Je puis également observer le va-et-vient de mes pensées. Pour celui qui s’adonne à cette observation, en des moments de silence et d’immobilité introspectifs, mais également au cours des activités quotidiennes, la constatation suivante apparaît avec une intensité proportionnelle à la pratique : il y a moi et il y a ce que j’observe. Moi, je suis ce qui observe le corps et les pensées. Je ne suis pas ce que j’observe. Je ne suis ni le corps, ni les pensées. NETI NETI disent les Upanisads. Non tu n’es pas ceci, ni telle ou telle chose observable.
2° POINT
La question : « Qui suis-je ? » se pose alors. Question dont Ramana Maharshi notre Maître vénéré, faisait la base de son Enseignement. Qui suis-je moi qui observe le corps et les pensées ? La pratique régulière de la méditation m’amène à réaliser que je suis Conscience pure. C’est la Conscience qui perçoit le monde extérieur, le corps et les pensées. Cette Conscience en elle même est vide de contenus. Il importe donc de ne pas confondre, ainsi que l’on fait de nombreux philosophes occidentaux, la conscience de ceci ou cela, avec la Conscience elle-même. Être conscient de telle ou telle chose, c’est constater que tel ou tel type de perception traverse le champ de la Conscience. Mais en elle-même la Conscience est indépendante de toutes catégories de perception. À l’état de veille, les contenus de la Conscience sont les perceptions de monde extérieur et du monde subjectifs. En l’état de rêve, ce sont les fantasmes du monde onirique. En l’état de sommeil profond, il n’y a pas de rêve, toute perception cesse, et seule demeure la Conscience vide de contenu. Le sommeil profond n’est pas inconscience, mais conscience pure vide de toute perception.
3° POINT
Une nouvelle question se pose pour le chercheur : cette pure Conscience qui est en mon Soi, témoin des trois états de veille, rêve et sommeil profond, est elle une réalité personnelle ou impersonnelle ? En d’autres termes, y a-t-il une Conscience présente en tous les individus, ou bien chaque individu a-t-il sa Conscience personnelle ? Si vous déclarez : « Conscience est différente de celle du voisin », je suis en droit de vous demander en quoi consiste cette différence. Or toutes les différences qui séparent entre eux les individus se situent au niveau de ce qui est perçu par la Conscience, et non au niveau de la Conscience en elle même. Je suis différent de mon voisin parce que mon corps, mes sentiments et mes pensées sont différents. Mais au niveau de la Conscience en elle-même, il n’existe aucune différence entre moi et mon voisin. S’il n’existe aucune différence, la Conscience est une réalité impersonnelle et non une réalité personnelle. Étant impersonnelle, cette réalité n’est enfermée dans aucune limitation individuelle, puisqu’à son niveau l’individualité n’existe pas. Une Conscience impersonnelle est nécessairement une conscience Universelle. Il n’y a donc qu’une conscience omniprésente qui imprègne toute la création. Cette Conscience unique est identiquement présente dans une plante et dans un homme. Les différences ne se situent qu’au niveau des perceptions formant d’une part l’état de conscience du végétal, et d’autre part l’état de conscience humain. Cette Conscience qui imprègne toute la création n’est cependant en aucune façon limitée par cette dernière. La Conscience unique demeure le témoin de toutes les formes de vie. En tant que spectatrice elle n’est pas incluse dans le spectacle. Elle est à la fois présente en toutes choses et au-delà de toutes choses. De ce fait, immanence et transparence sont deux aspects inséparables de la Conscience infinie.
4° POINT
Cette Conscience est la Conscience de l’Être en soi. De même que la Conscience a été confondue par de nombreux penseurs avec ses contenus, l’Être a été fréquemment confondu avec la manière d’être. Vous existiez il y a dix ans, or depuis dix ans votre corps n’est plus le même, il s’est entièrement modifié, vos sentiments, vos pensées ne sont pas identiques, le lieu où vous vous trouvez est probablement différent. Qu’est-ce qui vous permet dès lors d’affirmer : « j’existais il y a dix ans ? » Ce qui vous permet de le dire c’est la permanence de votre être. Ce qui s’est modifié c’est votre manière d’exister. De même entre les trois états de veille, de rêve et de sommeil profond, ce qui se modifie c’est le mode d’existence, ce qui demeure c’est l’Être. Dans la naissance et dans la mort, ce qui se transforme c’est la façon d’exister, ce qui demeure c’est l’Être. Ainsi que le dit Bhagavad – Gîta « ce qui EST ne peut cesser d’être. » N’être rien c’est encore ÊTRE le rien, c’est à dire ÊTRE sous l’aspect apparemment négatif de la non-manifestation, la pure existence dépouillée de toute forme d’existence. La pure Conscience n’est rien, rien de définissable ou de formulable. Ce rien que peut saisir notre intuition est la pure existence infinie. Ce rien de l’être pur est le substrat de tout, sur lequel se surimposent toutes les formes d’existence.
Ainsi le fait d’Être demeure immuable, et votre manière d’exister, votre ego, votre personnalité se modifient sans cesse. Selon l’affirmation Bouddhiste le moi est impermanent, tandis que l’Être en soi, qui n’est autre que la transcendante inexprimable du Nirvana ou de Brahman, est immuable. Dieu est l’Être d’où l’affirmation biblique : « JE SUIS CELUI QUI SUIS ». La réalité Divine c’est l’Être – conscience – Béatitude. SAT – CHIT – ANANDA. La béatitude résulte de l’infinitude, connaître son infinitude c’est connaître la béatitude.
5° POINT
Vivre au niveau de notre véritable nature, de notre Soi suprême qui est Être pur, tel est le but de l’initiation. Cette réalisation implique un total détachement. C’est parce que l’on s’identifie au corps et au mental qu’apparaissent la convoitise et l’attachement. La Paix profonde du détachement est connue par celui qui met fin à cette fausse identification. Un tel détachement est connu par celui qui met fin à cette fausse identification. Un tel détachement n’a pourtant rien à voir avec l’ascétisme ou le renoncement au monde. Se mortifier physiquement, affectivement ou intellectuellement, ce n’est pas mettre fin à l’identification au corps et au mental. Le but est d’être désidentifié de l’homme, quelles que soient les activités ou les expériences de ce dernier. Tel est le message fondamental de la Bhagavad-Gîta : laisser l’homme accomplir son devoir social sans s’identifier à lui, et en demeurant conscient d’être l’Être unique et éternel.
6° POINT
Seule une pratique régulière de la méditation, pratique héritière des techniques du Raja – Yoga et imprégnant peu à peu la totalité de votre vie, vous permettre de cesser de vous identifier au corps et au psychisme, pour savoir d’expérience que vous êtes la pure Conscience éternelle et infinie. Faire cette expérience du Samadhi et du Satori, c’est être un illuminé, un Jnani. C’est posséder la Sagesse suprême. La Gnose définitive. En faisant cette expérience vous direz à celui qui cherche, et à la suite des Sages des Upanishads : « Cela (cet infini) tu l’es » – TAT TWAN ASI « Vous direz à la manière du Christ : « le Père (c’est-à-dire la Conscience Transcendante de l’Être en soi) et moi nous sommes un ». Vous saurez ainsi que l’a déclaré le prophète Mohammed que : « Celui qui connaît son âme connaît son seigneur » (ibn Arabî -Le traité de l’unité). Et vous pourrez dire : « Je suis l’Absolu « AHAM BRAHMASMI. C’est vers l’expérience de cette réalité que convergent toutes les religions. Cette expérience salvatrice constitue le noyau ésotérique de toutes les révélations.
Une telle expérience met du temps pour s’enraciner. Au début elle peut n’être qu’un éclair fugitif et bouleversant sur la Réalité suprême. Il faut travailler pour qu’elle devienne une béatitude quotidienne et constante ; mettre en oeuvre une discipline systématique, pour imprégner de la Connaissance Transcendante (Jnana) tous les aspects de notre vie.
7° POINT
Passer de l’ignorance à la Connaissance, c’est également passer de la mort à l’Immortalité, car nous subissons le destin de ce à quoi nous nous identifions. Qu’est-ce qui naît ? : c’est l’individualité psychophysique. Qu’est-ce qui meurt ? : c’est le corps physique. Qu’est-ce qui expérimente la vie post-mortem ?: c’est la psyché. Tout cela ne vous concerne pas, vous qui êtes la pure Conscience témoin. La durée d’une vie humaine n’est que le commencement, le développement, et enfin l’interruption d’un type spécifique de perception. Vie humaine et vie post-mortem ne sont que des spectacles différents, des suites coordonnées de perceptions qui traversent le champ de notre Conscience infinie et éternelle. Parvenir à sentir que vous êtes la Conscience Infinie vous savez : « A quoi ressemblait votre visage originel avant que votre mère et votre père fussent nés. » Selon un Koan Zen de Maître Houei-neneg; et de même que le Christ vous pouvez déclarer : « Avant Abraham j’étais ».
8° POINT
Pour celui qui est identifié à la Conscience éternelle, l’univers entier n’est que l’ensemble des perceptions traversant le champ de cette Conscience infinie. L’univers n’a donc aucune réalité matérielle. Ce que nous appelons la matérialité n’est qu’un type spécifique de perceptions. Toutes les catégories de perceptions ne sont que des phénomènes évanescents qui reposent sur le vide. Vivre cette compréhension au sein du scénario de la vie quotidienne, c’est connaître la plus haute forme du détachement.
9° POINT
L’Univers c’est le grand rêve de l’Être. C’est la méditation coordonnée de Dieu qui est pur Esprit. C’est Maya le spectacle de la Divine fantasmagorie. Cette fantasmagorie c’est l’expression de l’Énergie Divine (Shakti). Du vide infini de la pure Conscience jaillit le rêve de l’Univers : le monde est donc la Manifestation de Dieu. L’essence Divine, qui est le vide infini de la pure Conscience, et la Manifestation Divine, qui prend la forme du Cosmos, sont inséparables. Ainsi vous réalisez avec les Sages des Upanishads que « tout ce merveilleux univers est Brahman ». Samsara, le mode de la transmigration, et le Nirvana, la Transcendance, sont un. En tant qu’homme vous êtes une parcelle indissociable du Cosmos. En tant que Conscience vous êtes inséparable de la Transcendance Divine. Une réalisation spirituelle intégrale ne vous incite pas à renoncer au monde, mais au contraire à voir en lui la Manifestation Divine dont vous êtes inséparables en votre aspect manifesté, vous êtes inséparable de l’univers. De ce fait, votre corps est un avec la totalité du Cosmos. Qui sait cela peut reprendre à son compte la parole du Christ et dire devant n’importe quel élément du monde : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang. »
10° POINT
Vivre quotidiennement l’unité Cosmique du grand tout, du Tao, c’est éveiller en vous la plus haute forme d’amour. L’amour coule librement lorsque toute illusion séparatrice s’est évanouie. Tous les autres sont aimés comme vous même. Dès le début de la quête spirituelle, l’épanouissement du coeur est un puissant facteur de progrès. Plus votre amour s’élargit, brise tous les puissants facteurs de progrès. Plus votre Amour s’élargit, brise tous les cloisonnements de l’égoïsme, de l’attachement, de l’identification possessive, plus vous devenez capable d’aimer pour le simple plaisir d’aimer, sans rien attendre ou chercher, plus l’ego se dissout. Lorsque je n’aime plus mon conjoint parce qu’il est mon conjoint, mes enfants parce qu’ils sont mes enfants, mes parents, mon pays, etc. Pour la même raison. Lorsque mon amour, même s’il ne peut matériellement s’exprimer vis-à-vis d’un nombre restreint d’individus, englobe tous les êtres vivants ; et s’accompagne de la totale incapacité d’éprouver de la haine. Lorsque cet amour ne s’attache à aucune personne particulière, car en toute personne je vois la Manifestation de Dieu, et que je suis attaché et amoureux de Dieu seul. Alors Je suis très proche de la Réalisation.
11° POINT
Dépasser le corps et le mental, se fondre dans le Silence éternel, c’est être Un avec Dieu. Revenir au niveau du corps et du mental, c’est redevenir une petite individualité tandis que Dieu est l’infini. Ce n’est jamais au nom de l’homme que l’on peut dire : « je suis Dieu ». En vérité nous sommes Dieu au niveau de notre Réalité profonde, parce que Dieu est la seule réalité profonde. Quant à l’homme, il appartient au monde des apparences. Identifier une apparence à la Réalité Essentielle n’est que délire mental et blasphème. De ce fait les enseignements qui ont affirmé l’identité essentielle entre l’homme, simple poussière, et Dieu, ont conjointement raison. En votre aspect apparent, c’est à dire au niveau de votre corps, de vos sentiments et de vos pensées, vous êtes irréductiblement dissemblable de Dieu. Vous n’êtes qu’une minuscule parcelle de Sa Manifestation. Par contre, en votre aspect Essentiel, au-delà du corps et du psychisme, vous êtes un avec Dieu et avec l’Univers.
Comprendre cette double vérité, c’est également comprendre que la Réalisation spirituelle contient deux aspects. Le premier aspect, l’aspect Gnostique, en lequel apprenant à dépasser le mental vous vivez d’expérience votre unité avec l’Absolu : C’est le Védanta, c’est le Jnana- Yoga. Le deuxième aspect c’est l’aspect dévotif : Le Bhakti-Yoga, en lequel vivant au niveau de l’homme vous établissez une relation avec Dieu. Vous l’aimez et vous l’adorez au-dessus de toutes choses. Vous vous ouvrez à sa grâce sanctifiante. Vous vous soumettez à sa Volonté qui se manifeste au travers de tous les événements de la vie. Vous accomplissez ce que Vous dictent les inspirations qu’il Vous octroie, et vous demeurez son serviteur. C’est à l’approfondissement de ce deuxième aspect que sont tout particulièrement dédiées les mystiques hébraïques, chrétiennes et musulmanes. Cependant, ainsi que l’affirmait Ramana Maharshi, à la suite d’un grand nombre de Sages hindous ; et ainsi que l’ont exprimé avec une clarté particulière certains Maîtres Soufis : les expériences de la Connaissance (Jnana) et de la Dévotion (Bhakti) fusionnent et deviennent des aspects complémentaires de la même réalisation.
« O Seigneur, si je m’identifie avec le corps, je suis ton serviteur ; quand je me considère comme une âme incarnée, je suis une parcelle de Toi-même ; mais quand je réalise que je suis le Soi, je ne fais qu’un avec Toi ». (Adhyâtma – Râmâyana)
12° POINT
Se réaliser spirituellement n’a rien d’une préoccupation égoïste, car c’est seulement dans la mesure où nous connaissons la Lumière que nous pouvons l’apporter à autrui. Demeurer dans le monde pour faire rayonner la Lumière autour de nous, telle est la voie du Karma – Yoga. Le Karma – Yoga, ou la Voie des OEuvres complète les voies de la Connaissance et de l’Amour. C’est pour révéler la connaissance que les OEuvres sont accomplies, et ce qui nous pousse à les accomplir c’est l’amour. L’amour de Dieu et l’amour des êtres vivants étant indissociables, puisque tous les êtres sont des manifestations de Dieu. Apporter à autrui la lumière et la Vérité, pour ainsi être un membre actif de la Rédemption générale, n’est pas un but qui se limite à la présente vie. C’est au travers de toutes les éternités successives que la Réalité se voue au service des autres. C’est au travers de toutes les éternités successives que la Réalité se voue au service des autres. C’est au travers d’une multiplicité infinie de conditions d’existence qu’il envisage d’éclairer autrui. Tel est l’idéal du Bodhisattva, qui n’est autre que celui des Saints de l’Église triomphante.
13° POINT
Aussi longtemps que vous désirez obtenir une Réalisation spirituelle, et une libération (Mukti) personnelle de la temporalité, il y a encore une trace d’Ego en vous. Le dernier lâcher-prise est celui qui consiste à comprendre qu’il n’y a pas de Libération personnelle possible. Une libération individuelle serait réalisable s’il y avait une individualité, mais c’est précisément l’individualité qui est une illusion. Il n’y a donc aucune possibilité de vous réfugier quelque part, de vous émanciper individuellement, puisque vous êtes indissociables de tout. Étant donné que vous êtes un avec Dieu, en ses aspects manifestés et non Manifestés. Étant donné que vous êtes un membre du corps du Christ, la Rédemption du monde est votre Rédemption ; et aussi longtemps qu’un seul être dans l’univers ne sera pas Réalisé spirituellement, vous ne serez pas réalisé spirituellement, vous ne serez pas Réalisé en votre Réalité englobante.
Nous vous avons donné un très bref et succinct résumé de l’enseignement de la Maïeutique Transcendante
Puissiez-vous approfondir cet enseignement !
Puissiez-vous l’intérioriser !
Puissiez-vous le vivre !
Puissiez-vous le réaliser !
Puissiez-vous le transmettre !
Perspective de l'éveil spirituel
La pratique infatigable seule mène à l’accomplissement. Il n’y a pas de doute là-dessus (Hathayogapradîpîka – 1-66)
Nous allons vous présenter sous la forme d’une suite de prises de conscience, la pratique de ce qui constitue l’essentiel de l’Éveil. On trouvera évidemment la reprise des grands thèmes du résumé de l’enseignement. Mais tandis que le résumé n’avait pour but que de permettre une claire compréhension, nous nous attacherons cette fois-ci à exposer l’aspect pratique et réalisateur. Certaines prises de Conscience relèvent d’une pratique quotidienne de la méditation, d’autres prises de conscience peuvent à la fois se réaliser durant les moments de silence et d’isolement contemplatif, mais également durant l’accomplissement des activités quotidiennes. L’introduction des prises de conscience d’où découle L’Éveil spirituel au sein des activités quotidiennes est un élément fondamental de la discipline. Le caractère extrêmement condensé des différentes évocations que vous allez lire nécessite, pour qui veut comprendre à un niveau profond, une lecture très lente, plusieurs relectures successives, et un effort pour effectuer en soi-même les prises de conscience suggérées. Nous appelons « perspective » chaque facette du cheminement de la Réalisation spirituelle. Certaines perspectives ne sont que des étapes menant à des perspectives plus profondes. D’autres constituent le développement de ce qui était implicitement contenu dans une perspective précédente. Et enfin il est une troisième catégorie de perspectives qui sont indépendantes, quoique complémentaire de celles qui les ont précédées, et qui peuvent être abordées dès le début de la quête. Comprendre une perspective n’est rien. Ce qui est important c’est la capacité de vivre intérieurement son contenu. L’ensemble des perspectives forme une discipline réalisatrice dont la valeur se vérifie dans l’expérience. Certaines perspectives demandent plusieurs années de travail sur soi-même pour devenir des réalités vécues. Il y a peu de chances que l’autodidacte mène jusqu’à son terme un tel travail. L’aide de quelqu’un engagé sur le sentier est, répétons-le, nécessaire.
1° Perspective dite de l’observation corporelle
Prêtez attention aux sensations corporelles. Sentez la pression du corps assis qui repose en différents endroits sur des surfaces dures. Percevez le va-et-vient de la respiration. La sensation de l’air qui pénètre dans les poumons et ressort par les narines. Prenez conscience de la présence de l’air autour de votre corps, de sa sensation sur votre visage. Prêtez attention à la circulation du sang. Percevez la chaleur de son mouvement interne. Prenez conscience d’une manière globale de la vie du corps. Sentez cette vie paisible qui palpite doucement. Réalisez que vous êtes le calme observateur de cette vie, et qu’étant l’observateur vous êtes distinct de ce que vous percevez. Sentez que vous êtes le témoin silencieux de la vie du corps qui est assis. Qui effectue régulièrement cette prise de conscience verra la sensation d’un calme profond s’accroître peu à peu. Parallèlement à ce calme, le sentiment d’être l’observateur et non le corps observé deviendra de plus en plus intense. Ceci est le début du chemin. C’est un commencement aisé, abordable par tous, et cependant en lui vous entamez le dépassement de la surface de l’existence.
2° Perspective dite de l’observation sentimentale
Passez en revue les sentiments qui vous relient à des personnes, à des lieux, à des possessions, à des souvenirs ou à des projets. Faites cela tranquillement, sans vous attarder outre mesure dans l’évocation de chaque sentiment. Il suffit de brièvement repérer l’ensemble de vos liens sentimentaux. De voir intérieurement qu’il y a en vous un courant sentimental, qui potentiellement vous attache à telle ou telle personne. Tel ou tel espoir, tel ou tel souvenir. Telle ou telle possession. De voir un à un vos différents liens sentimentaux, pour discerner peu à peu votre structure affective. Retracez rapidement la genèse et la fabrication de certains attachements affectifs. Observez de la sorte les liens positifs comme les liens négatifs. Si un sentiment de rancoeur ou de frustration vous relie à un événement, ou à une personne, regardez-le comme un spectateur indifférent. Constatez objectivement sa présence. Regardez-le comme on regarde un insecte bizarre qui marche dans l’herbe. En contemplant une à une vos potentialités affectives, comprenez qu’elles engendrent en vous des phénomènes qui se produisent spontanément, sans votre intervention. La haine ou l’amour, la déception ou la convoitise, la tristesse ou la joie, jaillissant en vous comme les nuages et les éclairs qui jaillissent dans le ciel. Ils ne vous consultent pas. Ils vont, ils viennent, se développent et s’estompent indépendamment de votre volonté. Constatez cela. Constatez que votre Réalité se trouve derrière les tumultes ou les harmonies sentimentales. Votre capacité de profondeur ne peut s’accroître que pas à pas, lorsque toute hâte est abandonnée. Ce qui est acquis dans l’immobilité silencieuse, rejaillit progressivement au sein des activités et modifie votre comportement.
3° Perspective dite de l’observation du mental
Fermez les yeux et contemplez ce qui se passe intérieurement. Voyez les pensées aller et venir. Observez attentivement comment elles s’enchaînent les unes aux autres. Comment de nouvelles pensées font irruption ? Aucun effort mental n’est requis. Vous restez là, tranquillement attentif et observateur des mouvements du mental. Si votre observation suspend ces arabesques, vous restez contemplateur du vide qui en résulte. Si votre observation vous fait prendre conscience d’une multitude fourmillante de pensées, vous les regardez passivement. La pensée « j’observe les pensées » est elle-même une pensée observable. Restez donc ainsi passif, extrêmement attentif, et voyez que : « ça pense en vous ». Sentez que vous êtes distinct des mouvements du mental. Il y a les pensées et il y a vous. La pratique dépend de chacun, elle demande du temps et de la persévérance. C’est insensiblement qu’émerge la Connaissance de votre Réalité profonde.
4° Perspective dite de l’observation globale
L’observation de l’homme doit être accomplie quotidiennement. Il est souhaitable que tous les jours, vous vous réservez une période de silence, durant laquelle, tranquillement assis, et demeurant immobile, vous accomplirez une observation prolongée des sensations et des pensées. Indépendamment de cette pratique, il est particulièrement important d’intégrer l’observation à votre vie quotidienne. Vous pouvez observer l’homme d’une manière globale en toutes circonstances. L’observer en train de marcher, de parler, de travailler. Observez la joie, la tristesse, la déception, l’impatience ou la convoitise, qui viennent puis s’en vont. C’est une question d’entrainement. Multiples sont les résultats qui en découlent. Par l’observation la connaissance de soi-même, par la connaissance du Soi, un Savoir qui dépasse infiniment l’homme. Ce Savoir n’est donné qu’à ceux qui travaillent assidûment pour le faire jaillir en eux. Les autres se contentent d’une spiritualité verbale dont ils ornent leur ego.
5° Perspective dite de la conscience morale
L’observation est une présence à soi-même, en elle la conscience morale se développe. La compréhension de ce qui est bien ou mal, de ce qui est beau ou de ce qui est mesquin, de ce qu’il faut accomplir ou de ce dont il faut s’abstenir surgit spontanément, et donne une réponse adéquate à chaque circonstance. Il ne s’agit pas d’adopter un code de conduite dicté par une autorité extérieure, pour engendrer ainsi un ensemble de refoulements et d’insatisfactions. Il faut devenir créateur de vos propres valeurs morales. C’est une question de sensibilité. Plus vous percevez clairement que ceci est négatif, moins vous éprouvez de joie à l’accomplir, et plus vous avez de contentement à réaliser ce qui vous apparaît comme positif. Le perfectionnement individuel repose sur la prise de conscience, comprenez cela et vivez-le.
Avec la pratique vous vous apercevrez que plus votre conscience est intense, plus les éléments négatifs du comportement, qui en fait sont des attitudes semi-inconscientes, se trouvent paralysés, puis déracinés. Vous parviendrez à un état de spontanéité totale, dans lequel le mental raisonneur est abandonné. Il n’y a plus ni angoisses, ni soucis inutiles. L’extrême simplicité de la vie nous apparaît. Car la vie est simple lorsque les complications mentales se sont dissoutes. D’instant en instant, vous êtes lucide, disponible, adapté à la Réalité.
6° Perspective dite de la désidentification
Plus vous progressez dans l’art de l’observation, plus le sentiment d’être distinct de ce que vous observez s’affirmera et se renforcera. Vous êtes le sujet qui observe. Le corps, les sentiments et les pensées sont l’objet de votre observation. La compréhension intellectuelle d’évidence ne mène à rien. Ce qui est profondément transformateur c’est de vivre de jour en jour, d’instant en instant, cette compréhension. Par elle un profond changement s’opère dans notre manière d’appréhender l’existence. Auparavant lorsque vous pensiez « je », cela se rapportait au corps, aux sentiments et aux pensées. Vous pensiez « mon corps, mes sentiments, mes pensées ». Or voici que vous vous apercevez, avec une lucidité toujours plus intense, que cette identification au corps, aux sentiments et aux pensées était fausse. Vous n’êtes ni le corps, ni les sentiments, ni les pensées. Vous êtes la conscience témoin. Ainsi progressivement vous vous désidentifiez de l’homme. Cette désidentification bouleverse toutes vos valeurs, vous perdez tout ce que vous vous étiez imaginé posséder. C’est une mort initiatique. Vous ne possédez plus rien, vous connaissez le dépouillement et la pauvreté d’esprit qui précèdent la Connaissance de l’Immensité.
7° Perspective dite du détachement
De la pratique de la lucidité observatrice résulte le détachement. Vous constatez que tous les sentiments qui en vous s’attachent, désirent, redoutent et regrettent demeurent extérieurs à vous. Ce sont de simples perceptions que vous, en tant que témoin silencieux, vous contemplez. Vous réalisez cela au sein des circonstances où habituellement l’attachement se manifestait, et peu à peu s’instaure en vous un détachement total. Aucun renoncement douloureux n’est requis. C’est une prise de conscience paisible et silencieuse, qui est vécue comme une libération de la souffrance psychologique. Toutes les souffrances psychologiques sont la conséquence de l’attachement. Dans l’impermanence de toute chose, celui qui s’attache aux personnes, aux possessions, au statut social, aux projets d’avenir, est condamné à souffrir sans cesse. Seul celui qui est détaché peut traverser l’existence avec un coeur calme et serein.
Le détachement est souvent confondu avec l’ascétisme, pourtant il s’agit de deux choses complètement différentes. Le détachement dont nous parlons n’est lié à aucune espèce d’ascétisme. Vous pouvez jouir de toutes les choses de la vie, et cependant ne vous attacher à aucune d’elles. La jouissance est une perception, être détaché ne signifie ne pas rejeter telle ou telle catégorie de perception. Cela signifie ne pas s’identifier au corps ou bien au mental, et demeurer l’observateur. Cela ne veut pas dire ne plus éprouver de désirs, mais signifie contempler avec équanimité la satisfaction ou la non-satisfaction des désirs émis par la personnalité. Cela n’inclut aucune insensibilité physique ou affective, mais nécessite le « lâcher-prise », qui survient lorsqu’on cesse de se prendre pour un homme ; et que l’on demeure témoin conscient, inaffecté par les vicissitudes de l’existence. Telle est la perspective du détachement pour qui ne fuit pas le monde, ne s’isole en aucune forêt ou monastère, et poursuit sa quête spirituelle tout en ayant une famille et une activité professionnelle. L’obtention du détachement demande un travail quotidien, de manière à parvenir à une discrimination constante, et part la suite spontanée, entre vous et le perçu. Chaque pas sur ce sentier se concrétise par un accroissement de la liberté intérieure.
8° Perspective dite de la conscience témoin
Si vous avez assidûment pratiqué l’observation, vous savez d’expérience que vous percevez un homme, mais que vous n’êtes pas cet homme. La question : qui suis-je ? se pose alors. Il ne s’agit pas d’endosser une théorie préfabriquée. Il faut se poser à de fréquentes reprises cette question, et écouter intérieurement la réponse. La perception intérieure du « je » pur jaillira alors. Qui est identifié assimile le sentiment du « je » au corps ou à l’esprit pensant. Mais si vous êtes désidentifié, il vous est possible de sentir le « je » de la pure Conscience. « Je suis Conscience pure ». Telle est la compréhension qui surgit à qui s’interroge et écoute. De cette conscience témoin qui perçoit l’homme et le monde, le mental ne peut rien dire, car c’est une conscience qui en elle-même est vide de contenu. S’il n’est pas possible de discourir dessus, il est possible de la percevoir : Tranquillement assis, fermez les yeux et écoutez les bruits qui parviennent jusqu’à vous. Prêtez ensuite attention à l’ensemble des sensations corporelles puis aux pensées, demeurant ainsi attentif et vigilant, vous percevez clairement que vous êtes le témoin de toutes les perceptions physiques et mentales. Ayant ressenti votre indépendance vis-à-vis du perçu, portez votre attention sur la conscience elle-même. Vous réalisez alors qu’il y a en vous la Conscience elle-même. Vous réalisez alors qu’il y a en vous un silence, un vide, un espace immuable. En vous concentrant sur cette perception, vous entrez dans ce vide et ce silence, qui n’ont ni commencement ni fin. L’absence totale de toute forme et de toute limitation du spectateur des pensées vous apparaît. Ce spectateur c’est vous-même, et vous êtes amené à vivre votre absence de limite, à vivre la réalité de votre vide éternel. N’essayez pas de rejeter les perceptions physiques ou mentales, prêtez simplement attention à ce qui se trouve derrière. Les perceptions n’existent qu’à la surface de la conscience, et vous devez apprendre à percevoir sa profondeur. Profondeur et surface ne s’excluent pas, à chaque instant elles sont conjointement présentes.
Cette découverte de la profondeur et l’immersion progressive en elle nécessitent une pratique régulière de la méditation.
9° Perspective dite de l’Être en soi
Cette pure conscience que vous êtes c’est la Conscience de quoi ? Il ne s’agit absolument pas d’adopter une théorie spéculative, il faut par une série de tâtonnements, au sein d’un extrême raffinement de votre sensibilité intérieure, sentir qu’au-delà des perceptions et des pensées il y a le Fait d’exister ; et que ce Fait est un Fait conscient. En ce moment même vous existez. Renforcez en vous la sensation de votre Existence. Sentez : » j’existe », et percevez que cette sensation contient une immensité et un vide. Ce fait d’Être que vous êtes est en lui-même vierge de toute perception et de toute pensée. À chaque instant Cela demeure immuablement en vous. Faites l’expérience de cette Réalité indescriptible. Fermez les yeux. Oubliez ce monde. Oubliez jusqu’au souvenir du monde. Imaginez que vous ne percevez plus le corps, et constatez que vous existez toujours. Imaginez que vous cessez de penser, et constater que vous existez toujours. Percevez votre pure Existence. Faites abstraction de tout, et entrez dans la Connaissance de ce qui est sans nom.
10° Perspective dite du sommeil profond
Lorsque vous êtes en état de sommeil profond, dépourvu de rêves, vous continuez à exister. Que subsiste-t-il de vous ? Il ne subsiste que le fait d’Être. Il n’y a plus de perceptions physiques, il n’y a plus de perceptions mentales et de conscience mentale, il n’y a que la conscience de l’Être vide de contenus. Remémorez-vous votre dernière période de sommeil profond. Qu’étiez-vous alors ? Essayez de le sentir. Sentir en Soi l’Être pur, c’est sentir ce quelque chose qu’en l’instant même vous avez de commun avec le sommeil profond. Comprenez que le fait d’Être est sous-jacent à l’état de veille, de rêve, et de sommeil profond. Vous retrouvez l’immuable Conscience qui est votre Identité profonde, et qui demeure derrière les perceptions de la vie humaine. Toutes les perceptions sont éphémères. Cela seul demeure, et parce que Cela seul demeure, en tant que toile de fond sous-jacente aux différentes catégories de perceptions, Cela seul est votre réalité profonde et permanente. L’homme en ses aspects physiques et mentaux n’est qu’une catégorie spécifique de perceptions. Ce que vous êtes c’est la Conscience, cette Conscience qui existe derrière les perceptions. Intériorisez-vous, faites abstraction de ces perceptions, devinez, puis percevez la présence de la pure Conscience vide de contenu ; qui est en vous telle qu’elle était en l’état de sommeil profond, et telle qu’elle est depuis le début des éternités.
11° Perspective dite de l’immanence
Tout ce qui existe a en commun le fait d’Être, cette évidence verbale doit être intérieurement vécue. Regardez ce qui vous entoure et réalisez que tout ce que vous percevez, en dépit de sa diversité, a en commun le fait d’Exister ou d’Être. Ce fait d’Être, commun à toutes choses, et indépendant de toutes les formes d’existence par lesquelles il se manifeste, est une réalité invisible et indéfinissable, qui peut-être sentie par l’intuition. Ce fait d’Être qui est commun à toutes choses est-il unique ou multiple ? En d’autres termes, y a-t-il dans l’univers un seul Être ou une multitude d’Êtres ? La multiplicité repose sur la séparation et la distinction. Ce qui est multiple et distinct ce sont les perceptions qui se rapportent aux formes d’existence. Le fait d’Être étant au-delà de toute perception, et de toute forme d’existence, rien ne sépare votre Être de l’Être du voisin, de la chaise ou de la table. Tout ce qui vous distingue mutuellement se situe au niveau des formes d’existence, et non du fait d’Être, qui est une réalité unique et universelle. Regardez attentivement la première chose qui tombe sous votre regard, puis éliminez mentalement toutes les caractéristiques permettant d’identifier l’apparence matérielle de ce qui est contemplé. Que reste-t-il ? Le vide informel. Par la méditation sur l’immanence on comprend qu’au fond de l’homme, comme au fond de tout ce qui existe, se trouve le simple et univoque fait d’Être. Alors la communion avec le monde est une réalité vivante. Vous devenez capable de sentir votre conscience jouer avec le corps de l’enfant, voler avec l’oiseau et demeurer dans l’arbre. En contemplant un homme, un animal, une plante ou un minéral, vous pouvez sentir que la même et unique Conscience qui est en vous demeure en l’objet de votre Contemplation. Ainsi, en votre état de pure Conscience, vous pénétrez l’univers entier. C’est un fait d’expérience : qui perçoit la présence de la pure Conscience en lui-même, derrière les pensées de l’homme, peut percevoir la présence de cette Conscience dans n’importe quel élément du monde.
12° Perspective dite de l’identification transcendante
Lorsque vous savez que votre nature réelle c’est le fait d’Être, que sont pour vous la naissance et la mort ? Le commencement et la fin d’un ensemble spécifique de perceptions traversant le champ de votre conscience immaculée. Vivre au niveau de l’Être, c’est savoir que la naissance et la mort ne vous concernent pas. Ce sont de simples spectacles et vous êtes le spectateur. Vous existiez avant la naissance de l’homme et vous existerez après. Avant l’apparition du monde et après son anéantissement. La vie post-mortem et les éventuelles réincarnations ne vous concernent pas. En réalité vous ne vous êtes jamais incarné. Seul celui qui se prend pour un homme peut croire qu’il naît, meurt, se réincarne, va au paradis ou en enfer, et connaît tel ou tel destin. Vous êtes l’Être et vous participez à sa transcendance. C’est l’illusion de l’identification à l’homme qui jette un voile sur votre Réalité. C’est au sein de cette illusion, et en son sein seulement qu’existe la mort, la souffrance, la limitation et la séparation. Comprenez que vous êtes : Être pur et Conscience pure. Cessez de vous identifier à l’homme et identifiez-vous à l’infini.
Fermez les yeux, évoquez mentalement la vacuité sans fin de l’Être, évoquez la Conscience Absolue et répétez mentalement un grand nombre de fois : « Je suis Cela », en vous identifiant chaque fois avec l’incommensurable. Goûtez la plénitude qui résulte de cette pratique.
13° Perspective dite de l’ineffabilité
À la fois Transcendant et Immanent, pure Conscience intemporelle, le temps étant lié aux formes d’existence, l’Être en soi a été appelé Dieu en certaines traditions. Que Dieu soit Être pur est affirmé dans la bible : « Je suis celui qui suis » (exode – 3). Cet Être pur c’est Dieu hors de tout anthropomorphisme physique ou psychologique. C’est Brahma, c’est le tao, c’est le Nirvana, tous ces mots et bien d’autres désignant la même Réalité Transcendante, qu’aucune définition ne peut circonscrire, et dont l’expérience ne peut se faire que par un dépassement mental. Le mental ne saurait donner une définition correcte de ce qui le dépasse. C’est pourquoi Bouddha nous dit : » N’essayer pas de mesurer l’incommensurable avec des paroles, pas plus que de plonger la corde de la pensée dans l’impénétrable : celui qui s’interroge se trompe, celui qui répond se trompe » (La triple corbeille). Saint Thomas d’Aquin lui fait écho : « Et voici le point extrême de la connaissance que l’homme peut avoir de Dieu ; savoir qu’il ne peut rien connaître de Dieu ». Il y a une connaissance, née de l’expérience intérieure, dont le langage et la pensée ne peuvent rendre compte à cause de son ineffabilité. Toutes les religions, et toutes les grandes doctrines spirituelles et initiatiques convergent vers la Connaissance de cette Réalité Ultime. L’acceptation de ce point de vue est la base de l’universalisme spirituel. Le sectaire essaye de prouver que telle ou telle définition de l’Ineffable est supérieure aux autres. Cela est vraiment stupide, car toute discussion sur l’Ineffable est vaine précisément parce qu’il est Ineffable. La seule chose importante c’est la description du chemin menant vers son expérience. Les mots doivent être utilisés à la manière d’un remède, mettant fin à la confusion, et menant vers le silence en lequel l’Ineffable est vécu. Si les mots, au lieu de mener vers la plénitude du silence intérieur aboutissent à des polémiques, des spéculations, ou des études interminables, ils sont pédagogiquement néfastes. Évitez de tomber dans le piège des mots, et goûter le silence de celui qui sait.
14° Perspective dite du non agir
Demeurer conscient de l’Être c’est rester en Éveil. Il faut d’abord découvrir l’Éveil, puis travailler par le rappel intérieur à instaurer un état d’Éveil permanent, demeurant inaltérable en toutes circonstances. Ceci est la base de la discipline initiatique, sur l’accomplissement quotidien de laquelle repose la réalisation spirituelle.
L’Éveil dans l’action s’opère par un rassemblement de l’attention sur ce qui est accompli. Lorsque vous vous absorbez entièrement dans l’activité, il n’y a plus d’activité agréable ou désagréable, les appréciations de l’ego ont disparu, vous êtes entièrement ce que vous faites. Silence intérieur, paix, énergie sont ressentis. Vous constatez que le vide et le plein s’interpénètrent. Plus cette concentration sur l’action est parfaite, plus elle exclut les pensées parasites inutiles ; et plus il est aisé de percevoir à l’arrière-plan du mental le vide éternel de votre transcendance. Vous êtes ainsi peu à peu amené à comprendre qu’a chaque instant, au sein de n’importe quelle activité accomplie par l’homme, vous demeurez inagissant, en l’immuabilité de votre Paix inaltérable.
15° Perspective dite des apparences phénoménales
Pour l’homme le monde est une réalité objective, car il a le même degré de réalité que ce qui l’entoure. Mais pour la conscience c’est une simple rêverie. Regardez autour de vous, et réalisez que vous ne connaissez rien hors du tissu de vos perceptions. Ce monde dit « extérieur », n’est qu’une suite cohérente de perceptions dépourvues de toute réalité profonde. C’est un mirage, une hallucination. Ne comprenez pas cela, sentez-le. Le regard que vous posez sur les choses s’en trouvera radicalement modifié. Remémorez-vous très succinctement, l’ensemble des perceptions qui depuis le début de cette vie se sont enchaînées, jusqu’à produire ce qui est perçu en l’instant même. Réalisez qu’il ne s’agit que d’un rêve, dont chaque journée est un épisode. Ayant provoqué en vous la sensation du rêve, prenez l’habitude de conserver cette perception dans la vie quotidienne. Vivez de jour en jour, d’instant en instant, l’existence comme la perception d’un songe hallucinatoire. Il en résulte le summum du détachement. En effet à quoi peut-on s’accrocher lorsque le monde est vu comme un fantasme qui passe ? Toutes les illusions s’écroulent et vous êtes projeté dans le vide. C’est en cette perception qu’il y a totale liberté et indépendance, car la Conscience Témoin n’est pas insérée dans la trame de l’existence temporelle. Le mal, l’horreur et la souffrance n’existent que pour la conscience qui par identification se trouve rétrécie aux dimensions de l’homme. Vivez donc au niveau de votre véritable nature qui est Conscience Intemporelle. Devenez libre ! L’Être crée le monde en le pensant. Ce que vous percevez n’est qu’un fragment de cette immense méditation. Qui se sent exister en tant qu’Être pur, assiste à la continuelle création du monde. Il voit que l’univers est un songe construit sur le vide. Au sein des Abîmes du sans forme, la Pensée Cosmique s’élance et engendre la mouvance phénoménale. Alors en l’unique Conscience transcendante apparaît une multiplicité de foyers de perception localisés, dont l’homme est un exemple. Le monde vous apparaît comme le jeu de l’Éternel. Ce jeu qui de jour en jour est le vôtre.
16° Perspective dite de l’émerveillement
Les yeux fermés, entrez dans le vide et le silence sans fin de l’Être. Cheminez dans l’incommensurable puis demeurez en lui. Goûtez abondamment sa saveur. Lorsque votre contemplation s’achève repensez au monde. Suscitez en vous l’envie, la curiosité de revoir son étrangeté, alors revenant doucement vers lui ouvrez lentement les yeux. Regardez ce qui se trouve devant vous avec une conscience intense. Vous êtes ébloui par la chatoyante des formes et des couleurs. Vous venez de l’absence totale de tout, et la beauté du monde vous frappe. C’est l’émerveillement du contraire pour son contraire. L’émerveillement du vide pour le plein, du sans forme de l’intemporel pour le temporel. La vie et sa fantasmagorie phénoménale deviennent alors un délice et une extase perpétuelle. Vous aimez le monde comme l’homme aime la femme. Qui sait cela possède la joie.
17° Perspective dite de l’unicité avec le tout
Réfléchissez au fait que tout ce que vous percevez intérieurement et extérieurement est la manifestation d’une même Réalité. Réalité suprême que l’on appelle Dieu, qui en son état de non-Manifestation engendre tout ce qui existe. Ayant réfléchi à cela regardez autour de vous et dites-vous que : « tout est la Manifestation de Dieu ». Demeurez ainsi en regardant attentivement autour de vous, et en constatant que la compréhension : « Ceci est la Manifestation de Dieu », donne une tonalité et une résonance intérieure différentes à vos perceptions. Vivre quotidiennement cette compréhension c’est transfigurer son existence. Mais il faut aller plus loin, en cessant de vous concevoir comme une réalité séparée de Dieu ; car si Dieu est le Tout vous ne pouvez être séparé de ce Tout. Ce corps et ce mental sont une manifestation de Dieu. Cette conscience est une parcelle de la Conscience infinie. Vous êtes indissociable de Dieu en ses aspects Manifestés et non Manifestés. Vous êtes indissociable de ce qu’en cet instant même vous percevez. Arrêtez-vous quelques instants, regardez ce qui vous entoure et cherchez à sentir votre unité avec le perçu. Comprenez et sentez que vous êtes à la fois la Conscience intemporelle présente en chaque forme de vie ; et la multiplicité des perceptions dont la trame universelle forme le songe hallucinatoire du cosmos. Vivre cela c’est se reconnaître en toutes choses. Dès lors l’homme que vous n’êtes pas au sens limitatif, se trouve inclus dans votre réalité englobante. il n’y a plus personne, ni plus rien de ce qui existe dans le monde qui soit séparé de vous. Toute chose résonne en vous et vous êtes en toute chose. L’unité avec le Tout est vécue. il en résulte la saveur d’une compréhension qui modifie radicalement le regard que vous portez sur le monde. Il en résulte une compassion active vis-à-vis de toutes les souffrances. il en résulte une plénitude dynamique qui vous pousse à l’action.
18° Perspective dite de la dévotion
La quête initiatique aboutit à la connaissance de Dieu, en qui vous voyez l’Être unique et éternel dont vous êtes indissociable. Vous avez deux faces, vous êtes Lui au niveau de l’essence, et vous êtes l’homme au niveau de la manifestation. C’est pourquoi la dévotion et la Connaissance ne s’excluent pas. La dévotion mène à la Connaissance, et la Connaissance peut s’accompagner de dévotion. Demeurant présent en l’homme, élevez vos sentiments vers la Présence informelle du Divin. C’est une pure oraison d’amour qui ne demande rien, et trouve sa récompense dans sa propre démarche. Percevez ou représentez-vous la présence de l’immensité informelle qui vous entoure. Comprenez que vous êtes assis au sein de l’infini. Comprenez que cet infini n’est pas un espace mort, mais une réalité vivante, une présence consciente. Réalisez que le vide conscient du sans limites est le seigneur révélé en toute religion. Ne donnez aucune forme, aucun attribut symbolique au Seigneur. Appréhendez-le simplement en tant qu’immensité incommensurable, informelle et omniprésente. Vous étant de la sorte mis en présence de Dieu, effusez vos sentiments d’amour vers lui. Que votre amour se perde en son infinitude. Que votre amour pour Lui grandisse et devienne une passion dévorante. Suppliez-le de vous donnez la grâce de l’aimer toujours davantage, et de ne jamais l’oublier ne fusse qu’un instant. Lorsqu’en chaque journée s’installe une relation amoureuse entre Dieu et son serviteur, la vie humaine est illuminée.
19° Perspective dite de la soumission
Une dialectique s’établit entre l’Essence et la manifestation, entre Dieu et l’homme. La vie n’est plus ressentie comme le fruit d’un hasard aveugle. Vous percevez qu’au travers de chaque événement Dieu enseigne, et exerce sur l’homme une pédagogie formatrice. La signification du vécu apparaît clairement. Les épreuves de la vie ne sont plus des « malchances » mais des tests, en lesquels Dieu vous permet de renforcer votre dépouillement et votre détermination. Vous dites « que sa Volonté soit faite », et vous savez qu’en toutes choses sa volonté s’accomplit. Demeurant dans un état de soumission et de réceptivité intérieure vis-à-vis de Dieu, vous êtes inspiré et guidé par sa grâce. La soumission est passive vis-à-vis de ce que le destin, expression du Vouloir Divin, vous impose. La soumission est active vis-à-vis de l’accomplissement des OEuvres que vous désigne la conscience morale. Par la conscience morale, Dieu vous inspire, et fait de vous, en tant qu’homme, un instrument de Sa volonté qui oeuvre dans le monde.
20° Perspective dite de l’épanouissement du coeur
Toute perfection demeure potentiellement dans le vide du non manifesté. C’est pourquoi par l’union mystique, l’homme devient le réceptacle, et le lieu de manifestation des qualités Divines. Plus vous demeurez intérieurement fondu en l’Être transcendant, plus l’amour vous emplit. C’est un flot ininterrompu d’amour qui se déverse en vous et qui s’épanche vers la création. Apprenez à ouvrir les portes de votre coeur : regardez attentivement un homme, en gardant l’esprit vide et réceptif ; sans juger ou réagir mentalement. Il en résultera une compréhension profonde de sa personnalité. Dans la compréhension, la perception de ce qui est beau. Dans la compréhension, la compassion pour ce qui est négatif. Avec la compréhension, l’amour. Réformez le regard que vous posez sur les gens, et l’amour vous sera aussi naturel que la respiration. Cet art subtil est indispensable si l’on veut que l’amour universel quitte le domaine des mots et devienne une réalité vécue. Dans l’attention, la lucidité, et le silence du mental, l’amour jaillit. C’est une source pure qui s’exprime pour le plaisir d’aimer et n’attend rien en retour. Tel est le secret de l’amour. La vie se transfigure dans l’amour quotidien des objets, des plantes, de la nature tout entière, des animaux et des hommes. Il faut travailler à introduire systématiquement l’amour au sein de chaque journée.
21° Perspective dite de l’amour
L’Être unique et Éternel se manifeste sous la forme de la femme, de l’homme, de l’enfant, du vieillard et de l’ami. C’est lui, et Lui seul que vous devez aimer, au travers des individualités avec qui vous entretenez des rapports privilégiés, et qui ne font que détenir quelques parcelles de sa beauté. N’aimant que l’éternel, vos sentiments cesseront de se fixer et de s’enliser en telle ou telle individualité. Vous aimerez toujours, mais jamais vous ne pourrez être séparé de l’objet de votre amour. Ce sera un amour universel, dépourvu des mesquineries de l’attachement. Un amour libre et fort, qui appréhendera l’Éternel au travers des formes de vie transitoires. Regardez les gens qui vous entourent, et comprenez que tout ce que vous pouvez aimer en eux est une manifestation du Seigneur. Aimez-les sans vous arrêter à leur individualité. Ne les aimez pas pour eux-mêmes, aimez le Seigneur au travers d’eux. Apprenez à aimer l’Unique derrière les apparences du multiple. Pensez à tous les gens que vous avez aimés et que vous aimez encore maintenant. Comprenez et sentez qu’en eux tous, vous avez appréhendé et aimé la même Réalité. Au sein de votre vie quotidienne, réformez peu à peu vos sentiments, et en tous rapports humains apprenez à n’aimer que Dieu seul.
22° Perspective dite de la sacralisation humaine
Il faut percevoir l’indépendance de la conscience vis-à-vis du corps, mais il faut aussi illuminer le corps par la descente de la Conscience en lui. Par la présence de la Conscience dans le corps, se produit une harmonisation entre le moi végétatif et le moi cérébral, la vitalisation et la joie corporelle. Plus la Conscience descend dans le corps, plus elle y réveille des zones énergétiques profondes. À l’instant même, constatez que la Conscience peut imprégner la totalité du corps. Elle peut se diffuser en lui et devenir présente dans tous ses membres. Faire cela régulièrement c’est sentir le corps se dynamiser. Vivre avec le corps c’est vivre en l’imprégnant de conscience. Dès lors le corps avec lequel nous ne nous confondons plus, est pour nous un lieu de béatitude. La quotidienneté de la vie corporelle devient une jouissance et une fête. Manger, se laver, se promener deviennent des actes grandioses, des sources de plénitude, des actes sacrés, des extases de communion Cosmique.
Invitation
Si après avoir étudié attentivement ce site, et réfléchi sur son contenu, vous ressentez une sorte d’appel intérieur vous indiquant que la Maïeutique Transcendante correspond à ce que vous attendiez secrètement.
Si vous pensez que l’initiation proposée correspond à votre recherche personnelle, et si vous désirez entreprendre sur vous-même un travail sérieux.
Nous vous invitons chaleureusement à percer le mur de la grisaille égotique pour monter vers la Lumière. Polarisez toute votre énergie et animez-vous d’une ardeur irréductible. Ne remettez pas à demain ce qui peut être entrepris aujourd’hui. Il est toujours plus tard qu’on ne le pense, en cette vie courte et précieuse.
Il suffit d’écrire à un initiateur ou une initiatrice de la Maïeutique Transcendante pour être invité à des séminaires initiatiques.
On juge un arbre d’après ses fruits. Seule la pratique de la Maïeutique Transcendante, sous la direction d’un initiateur qualifié, vous permettra de goûter les fruits qu’elle promet.
N’attendez pas !
La mort, elle, n’attend pas !
Le temps presse !
L’échéance approche !
Mourir sans s’éveiller c’est aller vers les ténèbres. Il faut vous réaliser en cette vie. Rien n’arrête le pèlerin ardemment déterminé. La Réalisation est une citadelle qui doit être conquise de vive lutte. Elle l’est effectivement par ceux qui font de son obtention le but primordial de leur vie, et pour qui tout le reste est secondaire.
Nous vous adressons des pensées de Paix, de Lumière et d’amour.
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